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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

bat du Sault-au-Matelot, ce fut lui qui se distingua le plus ; il y reçut à travers la figure un coup de sabre dont il porta les traces toute sa vie, ce qui lui valut de la part du duc de Kent le surnom de capitaine Balafré. Son premier enrôlement avait été dans le Royal Emigrant, corps organisé à la hâte par le gouverneur Carleton, mais au moment du combat ci-dessus, il était lieutenant au 84e régiment de ligne. 1786, il épousa Josephte, fille de François Boucher, capitaine de navire. Vers 1689, on le voit figurer avec le grade de colonel de milice, ayant sous ses ordres le lieutenant-colonel Pierre Marcoux, élu comme lui, en 1791, pour représenter un comté à l’assemblée législative. Abandonnant la politique, il devint, en 1796, capitaine au régiment Royal Canadien qui se formait ; il était encore au service lorsque la mort le surprit (1798) à Montréal. Sa carrière a été surtout militaire ; à ce titre il a une place honorable dans nos annales.

Jean Boisseau, avocat à Poitiers, avait publié en 1530, un volume de ses poésies ; en 1559 un commentaire, en latin, sur la coutume de Paris ; on a aussi donné de lui, en 1582, un commentaire sur l’article 34 des États de Moulins. L’un de ses descendants, né à Paris, et avocat au parlement de cette ville, eut pour fils Nicolas Boisseau, né en 1700, qui entra, (1724) au greffe du Conseil supérieur, à Québec, par la protection de son oncle Gérin, doyen des curés de Paris ; il se maria, (9 septembre 1725) avec M-Anne Pagé et en eut un fils et une fille. Nommé en 1727, greffier de la prévôté de Québec, Nicolas passa, en 1744, à la charge de greffier en chef du conseil supérieur, tandis que son fils devenait greffier de la prévoté. Ce dernier épousa Claire Jolliet de Mingan, veuve de M. de Chamblain, capitaine de navire et d’elle naquit (1765) Nicolas-Gaspard Boisseau qui représenta l’île d’Orléans à la chambre de 1792. Notaire à Saint-Thomas de Montmagny, Nicolas-Gaspard a laissé un greffe qui s’étend de 1791 à 1741

Le parlement s’ouvrit le 17 décembre 1792. L’élection d’un président pour la chambre d’assemblée donna lieu à un débat très vifs de toute importance. MM. de Bonne et Dunière proposèrent à ce poste M. Jean-Antoine Panet ; le parti anglais voulut élire M. Grant, mais il porta ensuite son choix sur M. McGill puis sur M. Jordan. Après discussion, M. Panet fut élu. Voici les noms de ceux qui votèrent contre le candidat canadien : Barnes, Frobisher, Coffin, Grant, Jordan, Lee, Lester, Lynd, McGill, McNider, O’Hara, Richardson, Todd, Walker, Young, Dambourgès, P-L. Panet, Salaberry. Restait un point de première importance. Au lieu d’agir de courtoisie, ou, pour mieux nous exprimer, dans le sens de la justice la plus élémentaire, le parti anglais voulut proscrire la langue française des registres et des actes de la chambre. Pour le coup, ce fut une affaire réglée dans l’esprit des Canadiens : les Anglais demandaient donc l’écrasement des anciens habitants du Canada ! Toute la politique du demi siècle suivant s’en ressentit. Au cours des débats (1792) les arguments employés par le parti Canadiens nous semblent sans réplique : « Je soutiens, dit Pierre-Louis Panet, déjà gagné aux Anglais, que nous devons choisir un président capable de parler également les deux langues. Est-ce en français ou en anglais qu’il devra s’adresser au gouverneur ? Pour résoudre cette question je demande si cette colonie est française ou anglaise. Quelle langue parlent le souverain et la législature desquels nous tenons notre pré-