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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

terminèrent par le traité de Versailles en 1773, date où il passa à la demi-paie. En 1778, il avait épousé Mlle Catherine-Françoise Hertel. Après la guerre il se fixa au manoir de Beauport qu’il tenait de sa mère et y réunit la plus belle société du temps ; c’est là qu’il reçut le duc de Kent, de 1791 à 1794, et contracta avec ce prince la longue amitié que nous révèle leur correspondance jusqu’à 1819. Nommé juge de paix en 1792 et élu député à l’assemblée législative il commençait sa carrière politique sous les plus heureux auspices. Le duc de Kent, partant (5 janvier 1794) pour les Antilles, obtint une commission d’enseigne pour le fils aîné de M. de Salaberry, Charles-Michel, connu plus tard sous la qualification de héros de Chateauguay. Lorsque le régiment Royal-Canadien fut formé (1796) sous le commandement du lieut.-colonel Joseph-Dominique-Emmanuel de Longueuil, on donna le grade de major à M. de Salaberry qui le garda jusqu’au licenciement de ce corps en 1802. Le duc de Kent lui avait promis en 1793 la charge de député surintendant des sauvages ; il l’obtint en 1799 mais elle lui fut enlevée l’année suivante. Il attendit aussi de 1797 à 1810 sa nomination de conseiller législatif que ni Prescott ni Craig ne consentaient à lui accorder et que Prevost, ancien général de son fils Charles-Michel, lui donna, l’appelant peu après (1812) à se mettre à la tête d’un bataillon de la milice incorporée. Dès 1807, à la mort de M. John Lee (député des Trois-Rivières) qui était lieutenant-gouverneur de Gaspé, le prince avait tenté de lui faire donner pour successeur M. de Salaberry mais on n’avait pas voulu d’un catholique. Proposé alors comme aide-de-camp provincial, l’affaire n’eut pas de suite. Trois de ses fils ; Maurice-Roch, Louis et Édouard-Alphonse, périrent de 1809 à 1812, dans la guerre, en Espagne et aux Indes, au service de l’Angleterre ; il ne restait plus que l’aîné, qui venait en ce moment d’être mis à la tête des Voltigeurs.

La famille Godefroy de Tonnancour, l’une des plus anciennes de la colonie, avait donné des militaires et des officiers de robe qui s’étaient distingués. Anoblie par Louis XIV, devenue, grâce à ses alliances et à la valeur de ses chefs, durant quatre générations, l’une des principales familles du Canada, elle était digne de figurer dans la législature au milieu des hommes de mérite qui se trouvaient appelés à débattre les intérêts de la patrie commune.

Pierre-Louis de Rastel, sieur de Rocheblave, né en France, avait épousé une créole, Mlle Dufresne, à la Louisiane. Il se fixa peu après son mariage dans le Canada. Vers 1756, il exerçait un commandement à la Belle-Rivière. En 1759 on le voit combattre à Niagara. Son fils aîné, Philippe-Auguste, élu en 1791, figura avec honneur dans la chambre d’assemblée. Bon orateur, homme d’étude, d’un abord agréable, et patriote éprouvé, il mourut, au milieu de la session de 1802, vivement regretté des Canadiens.

François Dambourgès, né en 1742, à Salies, au pays basque, était fils de Jean-Baptiste Dambourgès, négociant. L’esprit d’aventure le poussa vers le Canada l’année de la cession de cette colonie à l’Angleterre (1763) et il établit un commerce à Saint-Thomas de Montmagny. Passé en France l’année 1766 il revint en 1767, amenant son père et son frère Pierre qui lui aidèrent à faire prospérer son établissement. Il acquit de l’aisance. En 1775, au com-