CHAPITRE XI
1836-1841
Juger après coup n’est pas difficile. Telle est notre situation. Disons cent fois que la prise d’armes de 1837 avait le tort de n’être pas préparée pour réussir ; personne ne contestera. À la guerre toute est excusable, pourvu que le succès soit le dernier mot du mouvement. Or, dans le cas qui nous occupe, une levée de boucliers ne pouvait conduire qu’à des catastrophes. Les martyrs en ont subi la conséquence. Logique brutale des faits : vous avez le droit de vous révolter mais faites-le de manière à ne pas être battus. Sinon, tant pis. Les patriotes de 1837 pouvaient-ils espérer la victoire contre les troupes anglaises ? Non. Pouvaient-ils compter sur l’appui de soixante comtés du Bas-Canada qui restaient calmes en présence de leurs démonstrations ? Pas davantage. Alors ils tentaient l’impossible ? À peu près, quitte à réussir contre toute espérance. Que voulaient-ils donc faire ? Un appel à l’annexion. Ils se repliaient sur cette pensée. Et encore, ils savaient que la masse de leurs compatriotes ne voulaient pas des Américains — mais une fois engagés, ils espéraient voir les choses se compliquer et, de phase en phase, entraîner tout le pays. Il n’en a rien été, car tout en sympathisant de cœur avec les patriotes, soixante circonscriptions électorales n’ont pas cru le moment opportun de seconder un mouvement qui nous eut fait passer sous un autre dra-