Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome VIII, 1884.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

le 24 juin 1834, présidé par M. Viger, premier maire de cette ville. Nous venons de célébrer le cinquantenaire de cette fondation, avec un éclat digne des pays les plus prospères et des nationalités les plus vivaces.

En même temps que cette crise politique sévissait en Canada, la chambre des communes de Londres se préoccupait de nos mouvements et préparait une enquête dans le dessein de savoir à quoi s’en tenir sur tout cela. Daniel O’Connell plaidait notre cause ; des journalistes écrivaient, les uns pour, les autres contre nous. Une commission fut nommée pour se rendre ici et examiner la situation ; elle se composait de sir Charles-Edward Grey, de sir George Gipps et de M. T. Fred. Elliott comme secrétaire. Le comte de Gosford, gouverneur-général, arriva avec elle (2 août 1835), et à l’ouverture des chambres, le 27 octobre, il lut un discours qui produisit un bon effet. Le feu des passions se ralluma lorsque le gouverneur voulut engager la chambre à rembourser vingt-deux mille louis empruntés à la caisse militaire pour solder les comptes publics restés en souffrance depuis que les députés refusaient de voter les subsides. Par une division de trente-sept contre trente-quatre, la demande passa enfin.

Il est intéressant de lire deux lettres écrites de Québec par M. T. Fred. Elliott, l’automne de 1835 et adressées à M. Henry Taylor, à Londres. Détachons-en quelques passages : « Voici le résultat consciencieux de nos recherches, très générales et très soignées : — En Angleterre, on s’est accoutumé à ne voir que deux partis au Canada : les Anglais et les Français ; mais le fait est qu’il y en a trois, savoir : le parti officiel, le parti anglais, et le parti français, outre d’importantes classes françaises tout à fait distinctes du parti connu sous ce dernier nom.

« Le parti officiel — ou, comme les Français l’appellent, le parti bureaucratique — se compose d’un petit nombre d’hommes âgés qui occupent les plus hauts emplois. Ces hommes semblent avides de privilèges, jaloux de leur autorité, et prêts à s’offenser de tout examen des plaintes du peuple. La plupart d’entre eux sont des lourdauds, et ceux qui sont l’opposé passent pour être intéressés. Ce qu’ils sont importe très peu. Quelque influence qu’ils puissent avoir autrefois exercée avec le concours de gouverneurs faibles, ils sont aujourd’hui dénués de tous les éléments réels du pouvoir, puisqu’ils n’ont ni relations en Angleterre ni poids dans la province.

« Je me plais à le dire ouvertement, parce qu’un jour, à bord du navire, j’ai été choqué


    le 15 mars de la même année, le roi d’Angleterre et d’Écosse accorda à sir William le droit de lui substituer un castor, avec la devise : par mer et par terre, telle que le Star la donne, mais en nous faisant croire que la date est du 10 septembre 1621, tandis que cette date correspond à celle des lettres patentes inféodant les terres de l’Acadie au même Alexander. Ce débat a fourni l’occasion à M. Taché de nous noircir. M. Brymner était au courant de toute l’affaire et n’a jamais songé à nous blâmer, parce que nous lui avions promis de rectifier la vérité historique en parlant de la Saint-Jean-Baptiste de 1834. On remarquera que nous nous sommes abstenu de réclamer pour les Canadiens l’invention du castor comme emblème national avant 1834. Sir William Alexander ne nous l’a pas plus suggéré que Frontenac, puisque les souvenirs de 1632 et celui de 1673 étaient effacés de la mémoire du peuple et des historiens jusqu’à ces dernières années. Aux notes que nous avons consignées, pages 132, 133 du tôme III, ajoutons celles-ci : Franklin avait placé un castor sur la monnaie de papier des États-Unis ; cette tentative n’a pas eu de suite. En 1778, il y avait un castor sur l’entête de la Gazette de Montréal. D’après l’écrivain du Star, une médaille française, frappée en 1754, et qui a rapport à Québec, montre un castor. Dans aucun de ces cas on ne peut dire qu’il s’agissait d’un emblème national. Le castor d’Alexander n’a pas ce sens non plus — mais c’est le plus ancien qui ait été mis sur des armes.