de la colonie. Ces réfugiés s’établirent sur les deux rives du fleuve, au-dessus de la Côte des Allemands, et s’étendirent jusqu’à Bâton-Rouge et la Pointe-Coupée. C’est de cette circonstance qu’est venu le nom de Côte des Acadiens que porte encore aujourd’hui cette partie du fleuve.
Lorsque la Louisiane fut cédée à l’Espagne, en 1763, elle contenait environ treize mille habitants dont quatre à cinq mille de couleur. C’était un peu moins que l’Acadie au moment de la dispersion.
La Galissonnière regrettait de voir les pays du sud-ouest négligés par le gouvernement. En 1748, il écrivait au ministre : « Cette région bien établie nous rendraient formidables du côté du Mississipi. Si, dans la guerre actuelle, nous avions eu quatre à cinq cents hommes armés chez les Illinois, non seulement nous n’y aurions pas été inquiétés, mais nous aurions mené jusque dans le cœur des établissements de l’ennemi ces mêmes nations qui nous insultaient si souvent. »
De son côté M. Rameau fait les observations suivantes : « Malgré leur grand nombre et les centres considérables qui se formèrent de suite à Boston, à New-Haven, à Providence, etc., les Américains n’aimaient point à s’écarter de la proximité de la mer ; on peut dire même qu’ils redoutaient non seulement les établissements, mais les excursions dans l’intérieur. Jusqu’en 1764, époque de la colonisation du Kentucky, aucune de leurs colonies ne se hasarda loin du littoral ; c’est tout au plus si l’on entrevoit çà et là dans leur histoire quelques, expéditions commerciales ou militaires, traversant les montagnes Bleues et atteignant furtivement, à peine, les lacs inférieurs Ontario et Érié. Le Mississipi, les grands lacs occidentaux, et à plus forte raison les prairies et les plaines de l’Ouest, n’étaient connus des Anglais, que confusément, par l’écho des relations françaises ; cette ignorance casanière survécut même à la conquête du Canada ; on peut donc considérer les Alléghanys comme ayant été pendant cent cinquante ans la borne de leur horizon, ultima Thule. »
Il n’est pas sans à propos de citer ici M. l’abbé Casgrain : « Voulez-vous savoir de quoi se composait une portion considérable de l’émigration anglaise aux États-Unis ? Écoutez ce que dit M. Bancroft : « L’enlèvement d’êtres humains était devenu chose ordinaire à Bristol, et on transportait au-delà de l’Atlantique non-seulement les criminels, mais des jeunes gens, ou autres, afin de les vendre pour de l’argent. Le maire et les magistrats de Bristol voulaient intimider les petits escrocs et les petits filous qui, de crainte d’être pendus, imploraient la déportation comme leur seule chance de salut : ces enfants étaient alors partagés entre les membres de la Cour. Ce commerce était excessivement lucratif, bien plus lucratif même que la traite des esclaves, et il existait depuis des années. » C’est ce qui fait dire au même historien cette effroyable vérité : « L’histoire de la colonisation de notre pays est l’histoire des crimes de l’Europe. »
« Nous ne parlons pas de cette détestable colonisation africaine qui a jeté la dépravation avec l’esclavage sur une si large part des États-Unis, et dont ils subissent aujourd’hui le châtiment. Quel contraste avec la pureté de nos origines historiques ! Autant on prenait de