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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

encore qu’ils n’aient ni domiciles ni biens dans la paroisse, et sans qu’ils soient tenus de rien donner pour la dotation. vii. Le seigneur de fief dans lequel les habitants auront permission de faire bâtir une église paroissiale, sera préféré à tout autre pour le patronage, pourvu qu’il fasse la condition de l’église égale, en aumônant le fonds et faisant les frais du bâtiment, auquel cas le droit de patronage demeurera au principal manoir de son fief et suivra le possesseur, encore qu’il ne soit point de la famille du fondateur. viii. Seront la maison presbytérale du curé et le cimetière fournis et bâtis aux dépens du seigneur de fief et des habitants. Voulons que le contenu en ces présentes soit exécuté nonobstant toutes lettres patentes, édits, déclarations et autres actes contraires, mêmes à nos lettres patentes du mois d’avril mil six cent soixante et trois, par lesquelles nous avons confirmé le décret d’érection du séminaire de Québec, affecté à icelui toutes les dîmes qui sont levées dans les paroisses et lieux du dit pays, et accordé au sieur évêque de Québec et ses successeurs la faculté de révoquer et destituer les prêtres par eux délégués dans les paroisses pour y faire les fonctions curiales, auxquelles et aux dérogatoires des dérogatoires nous avons dérogé et dérogeons par ces présentes. »

« Les ordres de la cour, dit Garneau, étaient positifs, il fallut obéir. L’évêque parut consentir à tout. Le gouverneur, l’intendant et les habitants convinrent qu’il serait payé cinq cent soixante et quatorze livres par année à chaque curé. En 1680, le roi ordonna aux habitants de fournir cette somme, qui s’élevait à plus que la dîme. Une assemblée publique eut lieu en présence du gouverneur, de l’intendant et du conseil ; les seigneurs et les habitants y déclarèrent qu’ils ne pouvaient donner plus du vingt-sixième de leurs grains. Il fut résolu de prier le roi de suppléer ce qui manquerait. »

L’intendant Duchesneau écrivait au ministre en 1681 : « Vous verrez, monseigneur, par la lettre que j’ai écrite aux propriétaires des terres en justice et en fief, tant pour eux que pour leurs habitants, qu’après avoir conféré avec monsieur l’évêque, comme vous m’ordonnez de le faire pour tout ce qui regarde le spirituel de ce pays et pour suivre les intentions du roi et les vôtres, qu’on a réduit aux dîmes seules la subsistance d’un curé auquel on a donné l’étendue qu’on a cru nécessaire pour cela et même on a soumis cette étendue au jugement des propriétaires et habitants afin que s’ils croyaient qu’elle fût trop grande on la diminuât, et aussi que si elle ne l’était pas assez on l’augmentât. Cependant, les propriétaires des fiefs et des seigneuries et les habitants ont représenté que l’étendue étant augmentée les peuples se trouveraient plus abandonnés, parce que dans celle qu’on avait déjà marquée à chaque curé, les habitants qui la composaient n’auraient la messe, pour l’ordinaire, qu’un dimanche en un mois ou en six semaines ; que même les dîmes n’augmenteraient pas par une plus grande étendue, parce que les habitants étant assistés plus rarement, déclareraient ne devoir de dîme qu’à proportion de l’assistance qu’on leur donnerait, et qu’étant impossible de les affermer par la difficulté de les recueillir sans de grands frais, à cause de la situation des lieux, il faudrait s’en rapporter à leur bonne foi. Les curés, d’autre côté, ont remontré qu’ils sont déjà surchargés de travail, étant obligés de marcher incessamment, tantôt en raquettes