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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Le passage suivant se lit dans les instructions de Louis XIV à l’intendant Talon, 27 mars 1665 : « L’éducation des enfants étant le premier devoir des pères à leur égard, le sieur Talon les excitera à leur inspirer la piété et une grande vénération pour les choses qui concernent notre religion. » C’est assez vague, car le mot éducation ne comporte ici, en apparence, que le sens d’instruction religieuse.

Aux recensements de 1666-1667, Martin Boutet n’est pas mentionné. En 1666, au collège des jésuites, il y avait : « Urbain Champlain, trente-deux ans, maître d’école ; François du Moussard, vingt-trois ans, maître de musique, et dans le collège vingt pensionnaires dont quatre sont de France et les autres enfants du pays, » Le même recensement (1666) donne les noms des vingt et une pensionnaires des ursulines ; en 1667, on n’en cite que onze.

Le Journal des Jésuites porte à la date du 2 juillet 1666 : « Les premières disputes de philosophie se font dans la congrégation avec succès. Toutes les puissances s’y trouvent. Monsieur l’intendant (Talon) entre autres y a argumenté très bien. Monsieur (Louis) Joliet et Pierre Francheville y ont très bien répondu de toute la logique. » D’après M. Ferland, on instruisait alors au collège des jésuites de cinquante à soixante élèves pensionnaires et autant d’externes ; les cours d’études s’y faisaient régulièrement et en entier. Le Journal nous dit encore (15 juillet 1667) : « Amador Martin et Pierre Francheville[1] soutiennent de toute la philosophie avec honneur et en bonne compagnie. »

Le grand séminaire de Québec avait été fondé par Mgr de Laval en 1664, en vue d’y former un clergé pour tout le pays, sous le contrôle de l’évêque. Le petit séminaire, ou école préparatoire à de plus hautes études, fut établi, par le même prélat, le 9 octobre en 1668 ; il était destiné aux enfants appelés à l’état ecclésiastique. Les professeurs étaient ceux du collège des jésuites. Sur la recommandation du roi, six jeunes sauvages furent admis dans l’institution, mais outre qu’on ne parvint pas à les discipliner, leur esprit d’indépendance et leur paresse naturelle les rendirent nuisibles à l’élément français ; on ne voulut bientôt en admettre aucun autre. Huit enfants, nés de parents français, furent les premiers élèves du petit séminaire. Sur ce nombre, Paul Vachon, de Beauport, Jean Pinguet, de Québec, Pierre Volant, des Trois-Rivières, Claude Volant, des Trois-Rivières, devinrent prêtres ; Pierre Pellerin, des Trois-Rivières, se fit récollet. D’autres enfants du même âge les suivirent de près ; ce sont : Pierre-Paul Gagnon, Louis Soumande, Jean Guyon et Jean-François Buisson, tous de Québec, qui reçurent les ordres sacrés, et Joseph Denys et Charles Bazire, aussi de Québec, qui entrèrent chez les récollets. En 1669, on y comptait trois élèves de Montréal : Jacques Le Moyne de Sainte-Hélène, qui fut tué au siège de Québec en 1690 ; Louis Le Ber, qui mourut en France après 1681 ; Paul Prudhomme, qui se destina à la profession de chirurgien, et le même probablement qui donna son nom au fort Prudhomme, sur le

  1. Né aux Trois-Rivières le 14 juillet 1649 ; il reçut la tonsure le 8 octobre 1667 et fut ordonné prêtre le 19 septembre 1676.