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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Guillaume Pélissier (des Trois-Rivières), François Laronde de la Thibaudière (de Montréal). Au même collège, en 1778, le général Haldimand assista à une représentation du Sacrifice d’Abraham et donna cent guinées à l’établissement, outre cinquante guinées à l’hôpital général de la ville.

Le collège Saint-Raphaël comptait, en 1773,[1] cinquante-deux pensionnaires et à peu près pareil nombre d’externes. Le palmare de l’année scolaire 1773-74 porte les noms suivants, dont plusieurs devinrent célèbres parmi nous : François Papineau, Pierre-Amable de Bonne de Misècle, Antoine Malouin, Jean Godet, Louis Bonent, Pierre-Joseph Chevrefils, François Poitras, Louis-Gabriel Lenoir, Remi Gagnier, Pierre Lafond, Joseph Deschenaux, Louis Plessis, Pierre Panet, Laurent Ducharme, Henri Gatien, Mathieu-Guillaume de Lorimier, Eustache Beaubien. Pierre Hubert, Joseph Lemoine, Pierre-Joseph Lécuyer, Charles de Saint-Ours, Pierre-Joseph Dubois, Louis Olivier, François Hamelin, Antoine Panet, Eustache (François ?) Vassal, Pierre Mézières, François Dubois, Jean-Bte Regaud, Laurent Thècle, Esprit Chenet, Louis-Charles Foucher, François Brunet, Joseph Ducondu. Dans les années qui suivirent se rencontrent les noms d’autres élèves remarquables : Jacques Lartigue, Michel Bibaud, Louis-Charles Foucher, Denis-Benjamin Viger, François Plessis, Charles Chaboillez, Pierre Baby, Daniel Baby, Antoine Chaboillez, Joseph Cartier, Pierre Mondelet, Auguste Quesnel, Jean-Philippe Leprohon, Jacques Baby, Jean-Baptiste Duberger, Jean-Marie Mondelet, Gabriel Franchères, Jacques Viger, Antoine Papineau, Louis Cadieux, Jacques-Antoine Cartier, René-Joseph Kimber, Pierre Bédard, Hypolite Laforce. Le collège Saint-Raphaël enseignait les humanités et la rhétorique. En 1789, on y établit une chaire de philosophie et une classe de langue anglaise, qui s’accrédita tellement que, en moins de quatre ans, elle fit tomber presque toutes les écoles protestantes de la ville, où les enfants catholiques étaient envoyés, jusque là, par leurs parents. Les classes anglaises de cette institution comptaient ordinairement de quinze à vingt élèves. Il n’est pas étonnant que la plupart des hommes que nous venons de nommer se soient vus plus tard en position de figurer avec honneur dans la vie publique, car instruits dans les deux langues ils pouvaient parler et écrire correctement et aussi tenir tête à leurs adversaires moins favorisés qu’eux.

Après vingt et un ans d’existence, ce collège n’était pas encore reconnu par la loi du pays, et cependant les Anglais ne cessaient d’accuser les Canadiens d’indifférence en matière d’instruction publique.[2] Le 1er  septembre 1794 quelques sulpiciens étant arrivés de France, il en fut choisi trois, MM.  Jean-Henri-Auguste Roux, Claude Rivières et Antoine Sattin, qui s’ajoutèrent aux professeurs et surent donner un nouvel élan aux classes déjà si bien conduites de cette institution nationale. Nous l’appelons ainsi, vu que le pouvoir était loin de lui prêter main forte.

  1. L’année précédente, François Dupéron Baby s’était rendu à Londres, porteur des plaintes et des suppliques des Canadiens. À ses instances réitérées pour que l’on permît au collège Saint-Raphaël de se procurer deux professeurs en France, il lui fut répondu que c’était une grosse question et qu’il valait mieux attendre.
  2. Dès 1776, Anbury, officier anglais, qui visitait le Canada, remarquait des écoles dans presque tous les villages.