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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

contre les troupes qui envahissaient le Canada à cette époque ; prit part à la défense de-Saint-Jean ; suivit Carleton en Angleterre (1778) ; devint grand-voyer de la province, surintendant des postes et membre du conseil législatif en 1792.

Lacorne de Saint-Luc, l’un des plus remarquables caractères des temps de la conquête. Admiré des Canadiens ; suivi avec enthousiasme par les Sauvages ; orateur, écrivain, prestigieux en tout, il combattit par l’épée, la plume et la parole contre tout ce qui pouvait nuire à notre nationalité. Sa carrière embrasse un demi siècle de luttes. Jamais il ne se trompa, au milieu des changements de régimes qui se succédaient si brusquement ; toujours il a su conquérir le respect de son entourage. Appuyé sur sa propre valeur, il a traversé trois ou quatre genres de gouvernements. Ses avis valaient de l’or. Nous n’avons pas d’homme aujourd’hui plus renseigné, plus indépendant, plus recherché que ce militaire dont la parole se faisait écouter du soldat, du conseil de Québec, de la chambre des communes d’Angleterre et des habitants du Canada. Il résumait dans sa personne les pouvoirs qui à présent sont divisés entre les journalistes, les députés au parlement et les ministres du gouvernement. Sa longue et fructueuse carrière ferait le sujet d’une étude intéressante à plusieurs points de vue.

Joseph-Gaspard Chaussegros de Léry, ingénieur militaire, arrivé dans la Nouvelle-France en 1716, avait épousé (1717) Marie-Renée Le Gardeur de Beauvais et laissé une belle famille. L’un des fils, Joseph-Gaspard, ingénieur et brillant officier, se distingua dans la guerre et dans une foule de travaux de son art. C’est lui qui fut appelé en 1775 au conseil législatif. L’un de ses enfants, François-Joseph, devint lieutenant-général, ingénieur en chef de l’armée et baron de l’empire français. Un autre, Louis-René, officier au service de France, puis du Canada, grand-voyer du district de Montréal, ensuite député à l’assemblée législative, prit part à la guerre de 1812 ; en même temps, son frère, Charles-Étienne-Alexandre-André-Victor, parvint au grade de colonel dans l’armée française. Gaspard-Roch-George fit les campagnes de 1792 à 1797 dans l’armée de Condé, passa en Russie, y exerça des fonctions importantes, fut précepteur des enfants du czar, visita toutes les cours de l’Europe et fut comblé d’honneurs et de marques de distinction.

Paul-Roch de Saint-Ours descendait d’un officier du régiment de Carignan. L’un de ses frères (Quinson) combattit à la Monongahéla et à Saint-Jean, puis devint commandant de Saint-Domingue ; un autre (Charles-Joseph), fut tué en 1757 ; un troisième (Pierre-Roch), se distingua à Carillon, fut fait chevalier de Saint-Louis, commanda en qualité de brigadier à la bataille des plaines d’Abraham où il fut blessé mortellement.

Pierre-François Picotté de Belestre, marchand à Montréal en 1659, servit contre les Iroquois (1660-64) commanda la milice de cette ville dans l’expédition de 1666. Son fils, François-Marie, était en 1706 à Terreneuve et en 1712 au Détroit, où il mourut en 1729, portant le grade d’enseigne. Le fils de ce dernier, nommé aussi François-Marie, se distingua contre les sauvages du Détroit (1748) ; fut chargé du gouvernement de ce poste en 1756 ; se rendit très utile sur l’Ohio en 1758 (un de ses frères fut blessé et fait prisonnier à Louisbourg cette même année) et eut à remettre le Détroit aux Anglais après la capitulation de