de ne pas embrasser une profession que la seule corruption des mœurs et des plus saines maximes a dégradée de son ancienne noblesse ?… Il n’en est pas de même, dit-on, des Anglais nos voisins. Qui ne connaîtrait les deux colonies que par la manière de vivre, d’agir et de parler des colons, ne balancerait pas à juger que la nôtre est la plus plaisante. Il règne dans la Nouvelle-Angleterre et dans les autres provinces du continent de l’Amérique soumises à l’empire britannique, une opulence dont il semble qu’on ne sait point profiter, et, dans la Nouvelle-France, une pauvreté cachée par un air d’aisance qui ne paraît point étudié. Le commerce et la culture des plantations fortifient la première ; l’industrie des habitants soutient la seconde, et le goût de la nation y répand un agrément infini. Le colon anglais amasse du bien et ne fait aucune dépense superflue ; le français jouit de ce qu’il a, et, souvent, fait parade de ce qu’il n’a point. Celui-là travaille pour ses héritiers ; celui-ci laisse les siens dans la nécessité, où il s’est trouvé lui-même, de se tirer d’affaire comme il pourra. »