Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome VI, 1882.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
30
HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

bâtiments marchands et d’opérer des descentes sur les côtes. Ces maux s’ajoutèrent à ceux dont souffrait la Louisiane. En 1711, l’île Dauphine fut ravagée. L’année suivante, d’Artaguette passa en France et soumit le rapport que voici : « Les soldats désertent aux Anglais de la Caroline. Ils auraient déserté chez les sauvages, si ceux-ci n’avaient eu ordre de les arrêter et de nous les conduire. Les habitants languissent. Ils sont en petit nombre, et ne peuvent rien entreprendre de considérable. D’ailleurs, leurs femmes les ruinent par le luxe. Ils sont naturellement paresseux. Ils n’ont fui le Canada que pour le libertinage et l’oisiveté. Il s’y trouve vingt-huit familles. De celles qui s’attachent à l’agriculture des terres, il n’y en a que dix ou douze. Le reste sont des marchands, des cabaretiers ou des ouvriers. Il est nécessaire d’envoyer des filles et des laboureurs. Je suis persuadé que, lorsqu’on enverra dans le pays des gens qui se connaissent en minéraux on trouvera facilement des mines. »

C’est en effet cette découverte de riches minéraux qui préoccupait tous les esprits, et qui faisait que treize ans après la fondation de la colonie, on n’y comptait encore que dix ou douze personnes qui songeassent à ensemencer la terre.