avait vues d’une hauteur des terres qui va au sud-ouest, il lui dit que quatre grandes rivières y prennent leur source. L’une donnant au nord jusqu’au lac du grand fleuve de l’ouest, prend ensuite sa route vers l’ouest à la décharge du lac. La deuxième, prenant son cours au nord-est, tombe dans une rivière qui, allant à l’ouest-nord-est, se décharge dans le même lac. La troisième, courant d’abord au sud-est et suivant ensuite le sud, va chez les Espagnols. Et la quatrième, courant entre les deux dernières, forme le Mississipy. Il lui fit avec du charbon la carte de ces pays. — Nota. M. le marquis de Beauharnois, à qui il a envoyé le brouillon de cette carte, marque qu’il l’a gardé pour travailler avec le sieur Chaussegros, ingénieur, et qu’il l’enverra l’année prochaine.[1] Le sieur de la Véranderie attend (attendait) au printemps (de 1729) prochain plusieurs Sauvages qu’on assure avoir été bien bas dans le fleuve de l’ouest, qui pouvaient lui donner la carte du chemin jusqu’aux endroits où ils ont été. » Suivent des détails copiés mot à mot dans le mémoire de La Vérendrye. « Outre cela, il a pris connaissance du chemin par différents Sauvages. Tous rapportent qu’il y a trois routes ou rivières qui conduisent à la grande rivière de l’ouest, dont il a aussi remis la carte à M. le marquis de Beauharnois ; elles tombent toutes trois dans le lac Supérieur, savoir : La rivière du fond du lac, celle de Nanticagan, et celle de Gamanistigouia. Cette dernière est préférable[2] aux autres parce que le chemin est droit et d’un tiers plus court ; Ochakah l’a assuré qu’il n’y a que vingt jours de marche du lac Supérieur à celui de Tekamanihoüen et quatre journées de ce dernier au lac des Bois. » Le reste est emprunté textuellement au rapport de la Vérendrye.
Sur ces documents, le ministre soumit un mémoire au cabinet, en 1730. Après avoir énuméré les faits relatés ci-dessus, il ajoute : « Le père de Gonnor dit qu’on pourrait croire ces nouvelles apocryphes venant d’un Sauvage, mais qu’il y a cependant lieu de n’en point douter, le sieur de la Véranderie l’ayant assuré avoir ouï faire à peu près la même relation à différents temps par trois autres Sauvages de différentes nations qui ont été au même lieu par des chemins différents, et qu’un d’eux, qui avait vu la mer à la baie d’Hudson, n’avait point été effrayé du flux et reflux comme les autres et avait dit que ce n’était point autre chose que la mer. Un de ces quatre Sauvages, nommé Petit-Homme, a rapporté en particulier qu’étant dans un des villages, en descendant la même rivière, on lui fit entendre qu’à dix jours de marche plus loin il y avait une nation de petits hommes dont la stature ne passe pas trois pieds, et une autre nation ensuite qui, à ce qu’il croit, parle comme les Français ; qu’on lui avait fait aussi de grandes exclamations sur une petite montagne de pierres luisantes qu’il dit être fort redoutée et par conséquent fort respectée des Sauvages du pays. Cet officier s’est persuadé avec raison que la découverte de cette rivière pourrait servir à celle de la mer de l’ouest, et le père de Gonnor croit aussi qu’il n’y a pas de chemin plus droit pour y mener, cette rivière sortant du nord, prenant son cours vers le soleil couchant et commençant d’avoir flux et reflux à deux cents lieues ou environ de la hauteur des terres.