diminuaient en nombre. En 1725 le bruit courut un moment qu’on allait bâtir une ville au Détroit. La guerre des Outagamis ou Renards coupa court au projet et ce ne fut qu’en 1734 que l’on se remit à organiser la colonie, en commençant par réviser les titres des concessions de terre et en accorder d’autres aux arrivants, la plupart recrutés parmi les soldats et les coureurs de bois dégoûtés de la vie errante ou des émotions des dernières campagnes.
Le marquis de Vaudreuil était revenu de France, en 1716, annonçant la mort du roi et se préparant à exécuter, sous le nouveau régime, les projets qu’il avait mûris dans l’intérêt du Canada. Le décès de Louis XIV mettait fin à un règne qui avait mal tourné, et plus peut-être pour nous que tout autre. M. de Vaudreuil conclut la paix avec les Iroquois, donna le branle à un mouvement commercial et industriel qui se peut comparer à celui dont l’intendant Talon avait été le créateur, cinquante ans auparavant, et, malgré la banqueroute du trésor français, la confiance renaquit. Les contrées de l’ouest devinrent encore une fois l’objet de l’attention des marchands et du pouvoir. Le gouverneur écrivit au ministre (1716) demandant la permission de pousser les découvertes et le trafic des pelleteries jusqu’à l’océan, si possible. Ce dessein fut approuvé, comme en fait foi le mémoire suivant du conseil de marine (7 décembre 1717) : « Messieurs de Vaudreuil et Bégon ayant écrit l’année dernière que la découverte de la mer de l’ouest serait avantageuse à la colonie, il fut approuvé que, pour y parvenir, M. de Vaudreuil établit trois postes[1] qu’il avait proposés, et il fut marqué en même temps de faire ces établissements sans qu’ils coûtassent rien au roi, attendu que le commerce devait indemniser ceux qui les feraient, et d’envoyer un projet en détail de ce qu’il en coûterait pour continuer cette découverte. Ils marquent, en réponse, que M. de Vaudreuil a fait partir au mois de juillet dernier le sieur de la Noüe,[2] lieutenant, avec huit canons (canots ?) pour suivre le projet de cette découverte. Il lui a donné ordre de faire l’établissement du premier poste dans la rivière de Kanastigoya, dans le nord du lac Supérieur, après quoi il doit aller à Takamani8ix[3] vers le lac des Christinaux[4] pour en faire un second, et avoir par le moyen des sauvages les connaissances nécessaires pour le troisième au lac des Assenipoëilles.[5] Ce voyage ne coûte rien au roi, parce que ceux qui le font se dédommageront de leurs dépenses sur la traite qu’ils feront ; mais pour suivre cette découverte, il est absolument nécessaire que Sa Majesté en fasse la dépense, parce qu’il faut que les gens qui y seront employés abandonnent toute idée de commerce. Ils estiment qu’il faudra cinquante bons voyageurs, dont vingt-quatre occuperont les trois postes et les vingt-six autres pour faire la découverte, du lac des Aissinipoils à la mer de l’ouest. Ils estiment les gages de ces hommes à chacun trois cents livres par an et comptent que la dépense, tant en vivres, canots,
- ↑ À la baie du Tonnerre, au lac la Pluie et au pays des Sioux ?
- ↑ Zacharie Robutel de la Noue, né à Montréal en 1665, fils de Claude Robutel de Saint-André, seigneur en partie de l’île Saint-Paul. Zacharie était probablement ce M. de Lanoue qui avait visité la baie d’Hudson, en compagnie de Péré (1684). Il s’était marié (1689) avec Catherine LeMoyne. Les LeMoyne lui vendirent (1706) la seigneurie de Châteauguay. Son dernier fils survivant paraît avoir été Joachim né en 1705, qui passa en France après la capitulation de Montréal (1760).
- ↑ C’est évidemment le lac la Pluie.
- ↑ Le lac des Christinaux est imaginaire. Certaines cartes le mettent au nord-ouest du lac Nipigon.
- ↑ Le lac Winnipeg.