de celles arrivées précédemment, dans des maisons de correction. La compagnie leur avait donné à chacune une petite cassette contenant quelques effets d’habillement, ce qui fit qu’elles furent connues dans la colonie sous le nom des « filles de la cassette ». Les ursulines furent chargées d’en prendre soin jusqu’au moment où elles trouveraient à se marier. »
Selon que s’exprime Bancroft, « les colons de la Louisiane les plus prospères étaient les vigoureux émigrants du Canada,[1] qui n’avaient guère apporté avec eux qu’un bâton et les vêtements grossiers dont ils se couvraient habituellement. » Ils formaient aussi, en cas de guerre une milice redoutable, on le vit bien lors du soulèvement des Natchez, en 1729. Ces sauvages, alliés des Chikassas, avant massacré, par un coup soudain, deux cent cinquante Français établis chez eux, Périer[2] les poursuivit ; Le Sueur et surtout Juchereau Saint-Denis leur infligèrent une punition qui les réduisit à un état insignifiant comme peuple. En 1731 leur défaite était consommée ; néanmoins, réunis aux Chikassas, ils continuaient de harceler les Français voyageurs et les colons.
De 1717, où la population blanche comptait de cinq à six cents âmes, celle-ci s’était élevée en 1730 à cinq mille, mais l’augmentation avait eu lieu principalement avant 1722. Aux vingt nègres mentionnés en 1717, il faut en ajouter (1730) plus de deux mille ; dans les dernières années cette population s’était augmentée beaucoup plus que l’autre.
Dans les premiers mois de 1731, la compagnie des Indes renonça à son privilège sur la Louisiane et le pays des Illinois. Le commerce, déclaré libre, se raviva. Tout reprit vigueur, mais le papier-monnaie contrebalança la situation. Et puis, la guerre la plus terrible était commencée tout le long du fleuve. Bienville, succédant à Périer, trouva les choses en désarroi ; il mit tous ses soins à réduire les Chikassas comme nation hostile et à éloigner de leurs bourgades les traiteurs anglais qui inspiraient à ces sauvages la politique des Iroquois. Déjà, en 1729, lors de la révolte des Outagamis au Détroit, on avait vu plus de quatre cents Canadiens combattre ces tribus dangereuses. Bienville combina ses opérations de manière à utiliser les forces du Canada et de la Louisiane, joignant[3] ainsi les habitants des bords des deux plus grands fleuves de l’Amérique du nord dans une cause commune et faisant des deux colonies une seule et même domination. La guerre dura de 1731[4] à 1740 et se termina par le triomphe de la France sur les peuples remuants de ces vastes régions. Les Natchez, les Chikassas et les Yasous qui, dans cette lutte, avaient combattu, contre la France, aidés par les Anglais, se trouvèrent à ne former qu’un peuple, affaibli mais encore redoutable. Les nations dont les noms suivent avaient conservé leur fidélité aux Français : Illinois, Chackas, Tonicas, Arkansas, Kaskakias, Kaakias, Outaouais, Huron, Metchigamias,
- ↑ Claude Jousset, fils d’un Canadien, marchand à Mobile, est cité comme le premier créole, dans une lettre de Bienville, en date du 6 mai 1733.
- ↑ Ce gouverneur ne s’occupa ni des habitants ni des intérêts propres de la colonie. Il était dur et mal avisé. Un jour, il condamna au feu des Chikassas coupable d’avoir incité les Illinois à la révolte. M. de Beauchamp, qui demandait son rappel, disait, comme aussi bien d’autres, que Bienville seul comprenait les sauvages et se faisait écouter d’eux.
- ↑ En 1712, le roi avait rendu la Louisiane et le pays des Illinois dépendants de la Nouvelle-France. (Édits et ordonnances, I. 328).
- ↑ Les nègres, voyant les troupes occupées chez les sauvages, avaient organisé une conspiration pour tuer tous les Français, le jour de la Saint-Jean-Baptiste 1731, mais on déjoua leurs projets et dix ou douze des plus coupables furent roués et pendus.