CHAPITRE VII
1715-1750
n examinant la longue période de trente-cinq ans qui va de 1680 à 1715, on rencontre nos luttes avec les Iroquois, contre les colonies de la Nouvelle-Angleterre et pardessus tout la mauvaise administration qui signala le coucher du soleil de Louis XIV. À la paix d’Utrecht (1713) notre commerce était ruiné, l’argent manquait, le roi devait des sommes énormes qu’il ne pouvait payer. Depuis plusieurs années, le castor, principal article d’exportation du Canada, baissait en valeur sur les marchés de France, et la loi prohibait toujours sa vente à l’étranger. Des milliers de peaux étaient offertes chaque année aux comptoirs des grands lacs, mais la France n’en consommait que cent cinquante mille livres et l’on défendait aux sauvages alliés de vendre le surplus aux Anglais, lesquels les payaient plus cher que les Français. Tous les désavantages étaient du côté des Canadiens ; malgré cela, on sait avec quelle habilité ils surent acquérir et conserver pendant plus d’un siècle des alliances intimes avec les peuples de l’ouest. Les faillites étaient devenues générales en France et au Canada, lorsque se fonda la compagnie d’Occident (1715) qui se proposait de régénérer le commerce. Nous avions en main une somme de deux millions de monnaie de carte sur laquelle il nous fallut perdre moitié, en vertu d’un arrangement intervenu en 1714 mais qui ne fut exécuté que trois années plus tard. Le 12 mai 1716, le conseil de marine, tenu au Louvre, écrivait : « M. Bégon n’a fait tirer, l’année dernière, des lettres de change pour l’extinction des cartes que pour la somme de soixante et un mille livres sur celle de cent soixante mille payables au mois de mars 1717, parce que les négociants n’ont pas voulu en prendre davantage, à cause que celles de 1715 et 1716 n’avaient pas été acquittées.[1] Comme on a commencé à acquitter partie des
- ↑ Sur la monnaie de carte, voir un article de M. Edmond. Lareau, Revue de Montréal, 1878, page 433.