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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

de la ville ; aidé par le don d’un particulier, les récollets achetèrent, en 1692, un spacieux terrain sur la rue Notre-Dame où ils tinrent, durant un siècle, une école pour l’éducation des enfants du peuple.

Les récollets, tout pauvres qu’ils fussent, se voyaient donc parfaitement accueillis par les Canadiens et mis en position de rendre les services de leur ministère.

Cette réforme, car c’en était une au point de vue du pays, fut accompagnée d’une autre, demandée depuis longtemps. Le roi établit, en 1678, la fixité des cures, contre le sentiment de Mgr de Laval qui voulait garder pour son séminaire le produit des dîmes et changer à son gré les prêtres des paroisses qu’il n’appelait jamais que des missions.

Vingt-cinq seigneuries furent concédées de 1675 à 1680. Les voici par ordre de date : Le 22 avril 1675, à Pierre Godefroy, sieur de Rocquetaillade, de la compagnie des gardes de Frontenac, une demie lieue à commencer depuis ce qui est concédé à Jean Godefroy, son père (fief Godefroy, près la rivière de ce nom), jusqu’aux terres dépendantes de la seigneurie de Nicolet, appartenant au sieur Cressé, avec trois lieues de profondeur. Le 6 mai 1675 à Charles Denys, sieur de Vitré, deux lieues au fleuve, du côté du sud, à prendre du milieu de la largeur de la rivière appelée Mitis en montant le fleuve, et deux lieues de profondeur, ensemble l’île du Bic qui est vis-à-vis ; en 1774, une dispute s’étant élevée entre les propriétaires du Bic et de Rimouski, la cour rendit un jugement déterminant que le milieu de l’embouchure de la rivière Hatté serait la borne entre les deux seigneuries. Le 6 mai 1675, à Jean-Baptiste de Peiras, conseiller du roi à Québec, deux lieues de front au fleuve, côté du sud, à prendre du milieu de la rivière appelée Mitis ou autrement les îles Saint-Barnabé, en descendant le fleuve et deux lieues de profondeur, outre trois îles appelées Saint Barnabé qui sont vis-à-vis. Même mois, aux dames hospitalières « le comté d’Orsainville, contenant en superficie trois mille cinq cent soixante et quinze arpents, et de la profondeur de quatre lieues, à prendre du bord de la rivière Saint-Charles, sur différentes largeurs. Les fiefs de L’Épinay et de Notre-Dame-des-Anges touchent au comté d’Orsainville. Le 3 septembre, à Louis Gagnier dit Belleavance, dix arpents de front, à commencer depuis sa concession[1] en montant le fleuve, dans les terres non-concédées séparant icelle de ce qui appartient au sieur Fournier, avec une lieue de profondeur, pour être unie à sa part du fief Lafrenaye qui lui a été concédé conjointement avec le sieur Gamache ; ce fief porte le nom de Gagner ou Gagnier, comté de l’Îlet. Le 15 mars 1676, au sieur Berthier, « l’île située au bout de celle qu’on appelle île au Castor, sur le côté du nord-est, en descendant vers le lac Saint-Pierre, devant l’île du Pas » pour en faire un pâturage ; c’est la première concession faite conjointement par le gouverneur et l’intendant en vertu des pouvoirs à eux accordés par le roi sous la date du 20 mai de cette année. Le 3 septembre 1676, Jean Serreau dit Saint-Aubin vend à Mgr de Laval sa propriété de la baie Saint-Paul, moyennant onze cents livres. En 1677, concession à Étienne de Lessard, de l’île aux Coudres ; comme il n’avait pas mis sa concession

  1. Voir tome IV, p. 94, du présent ouvrage.