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CHAPITRE III

1673 — 1680


Fort Frontenac. — Coureurs de bois. — Seigneuries concédées en 1673-74 — Louis XIV commence à négliger le Canada. — Chiffre de la population. — Partis qui se disputent le pouvoir dans la colonie. — Traite que font les jésuites. — L’eau-de-vie. — La Salle à Cataracoui. — Île d’Orléans. — Île Jésus. — Les Récollets. — Seigneuries concédées de 1675 à 1680. — La milice. — Le gouverneur, l’intendant, la traite. — Entreprise de La Salle aux Illinois. — Du Luth chez les Sioux. — Coureurs de bois.



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n voyage que le comte de Frontenac fit au lac Ontario, l’été de 1673, et dans lequel il eut le soin de se faire accompagner par quatre cents hommes, créa une impression durable sur l’esprit des Iroquois. La Salle avait passé l’hiver chez ces sauvages et, comme il était beau parleur, son ambassade se termina par la rencontre des délégués des tribus avec le gouverneur-général, à l’endroit où se trouve à présent la ville de Kingston. Frontenac était un charmeur ; les Iroquois lui vouèrent de suite une affection qui ne s’est jamais démentie. Sur leur consentement, un fort fut érigé en ce lieu afin d’amener la traite au lac Ontario entre les mains des Français, par la rivière qui tombe dans la baie de Quinté ; une barque se construisit pour naviguer sur le lac ; on laissa dans le poste des marchandises de traite, une petite garnison, des munitions de guerre et un aumônier, le père Gabriel de la Ribourde, récollet.

Pour la première fois en cette circonstance, des corvées militaires avaient été imposées aux habitants des gouvernements de Québec, Trois-Rivières et Montréal, sur le principe que le nouveau fort servirait de comptoir du roi pour le commerce des fourrures. Singulier argument qui oblige une colonie agricole à de tels sacrifices dans l’intérêt des marchands. En même temps, un édit (5 juin 1673) défendait aux habitants, « à peine de la vie, de vaquer dans les bois plus de vingt-quatre heures sans permission expresse, attendu que des courses de ce genre, sous prétexte de chasse ou de commerce de pelleteries avec les sauvages, sont entièrement contraires à l’établissement de la colonie du dit pays. » Si d’une part le roi prit des mesures pour empêcher les cultivateurs d’abandonner leurs terres, Frontenac d’un autre côté activa si bien la passion du commerce que les coureurs de bois augmentèrent en nombre, d’année en année, au grand préjudice de la colonie.