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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

M. de Louvigny, major de Québec, beau-frère de M. Nolan, commandait un convoi parti de Québec pour se rendre au Détroit en 1703.

En 1700, M. de Callières avait conclu la paix avec toutes les tribus iroquoises. Depuis le commencement de la guerre, nous avions eu six cents personnes tuées ou prises. Les Iroquois avaient subi une perte égale de la part des Canadiens et des Français ; les Outaouais et autre sauvages leur avaient tué autant d’hommes ; en un mot, les Cinq-Cantons se voyaient réduits de moitié.

La guerre de la succession d’Espagne, commencée en 1702, fut bientôt connue des sauvages du Détroit qui allaient en traite chez les Anglais, et à leur retour ils devinrent menaçants sous prétexte que le fort avait été établi pour détruire leur indépendance. Ils tentèrent même d’y mettre le feu, mais on les repoussa avec vigueur et ils se tinrent tranquilles pour le moment. Une autre attaque eut lieu en 1706, sans autre résultat que de faire tuer quelques personnes.

Dans le Bas-Canada, les années 1707 et 1708 se ressentirent du succès des dernières campagnes ; la culture reprit son essor. Les MM. Raudot, père et fils, nouveaux intendants, consacrèrent tous leurs soins au commerce et à l’exportation des denrées du Canada. Pour inspirer, sans doute, plus de confiance, ils donnèrent une mascarade pompeuse qui émerveilla la colonie. Cependant, aux frontières la lutte se continuait. Subercasse, assiégé dans Port-Royal, s’y défendait (1707) et repoussait l’ennemi, grâce à soixante Canadiens accourus à son secours. Des renforts étaient arrivés dans la Nouvelle-Angleterre. Il y avait lieu de penser que la tranquillité ne durerait pas longtemps. Vers la fin de juillet 1708, Hertel de Rouville, Saint-Ours Deschaillons, Boucher de Laperrière se mirent à la tête de cent Canadiens choisis auxquels se joignirent des volontaires et, après une marche de plus de cent cinquante lieues, prirent d’assaut le fort de Haverhill qui renfermait une bonne garnison. Leur retraite fut inquiétée et dans ces divers combats il y eut dix-huit hommes de blessés et cinq tués parmi lesquels M. de Verchères et Hertel de Chambly, frère de Hertel de Rouville. À la mi-septembre, l’expédition était de retour à Montréal. C’est à la suite de cet exploit que les colonies anglaises prirent la résolution d’envahir le Canada et de l’écraser de tout le poids de leurs forces qui étaient incomparablement plus grandes que les nôtres.

Les Hurons qui, en aucun temps n’ont été nos amis solides, organisèrent une conspiration en 1708 dans laquelle entrèrent les Miamis et quelques Iroquois. Mises au courant de ces événements, les autorités françaises envoyèrent Clérembault d’Egremont s’enquérir des faits en question. Cet officier accuse Lamothe-Cadillac d’être la cause des troubles ; il va plus loin et conclut à la suppression du fort du Détroit. Cette même année, on constate qu’il y avait en ce lieu deux cent trois arpents de terre défrichées, dont cent cinquante-sept par Lamothe-Cadillac. Un moulin à blé, une maison et une grange existaient dans la campagne. Quelques demeures étaient placées en dehors des fortifications. Il y avait dix bêtes à cornes et un cheval. Il serait curieux de connaître comment ces animaux avaient été transportés si loin —