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CHAPITRE VIII

1687 — 1700


Troupes arrivées de France. — Milices. — Projet de conquête. — Places fortifiées du Canada. — Déclaration de guerre. — Massacre de Lachine. — D’Iberville à la baie d’Hudson. — Incursions des Canadiens dans les colonies anglaises. — Phipps devant Québec. — Courses des Iroquois dans le gouvernement de Montréal. — Disette. — La paix en Europe. — Les Iroquois cessent les hostilités.



V

ers le commencement de mai 1687 douze compagnies de troupes royales étaient arrivées à Québec, sur une escadre de six vaisseaux de second rang, commandée par M. d’Amblimont, ayant fait le trajet de la Rochelle en vingt-huit jours. Le chevalier de Vaudreuil était de la traversée. Vingt autres compagnies, au dire de La Hontan, se mirent en marche de Québec, sous les ordres de M. de Vaudreuil et arrivèrent, le 4 juin, au camp de l’île Sainte-Hélène, où les milices et les Sauvages se concentraient. En tout, on réunit deux mille hommes. Les troupes royales étaient au nombre de plus de trente compagnies dans le Bas-Canada, au moment où M. de Denonville se mettait ainsi en campagne. En 1692 il y en avait trente-cinq, qui furent réduites à vingt-huit compagnies. C’est donc avec à peu près dix-sept cents soldats que la guerre commençait.

L’armée partit de l’île le 10 juin (1687) et arriva le 1er  juillet à Cataracoui. Nous avons dit ailleurs qu’elle intimida les Iroquois et les détacha quelque peu des Anglais, mais ce ne fut un triomphe ni pour la diplomatie ni pour les armes françaises. Les troupes du roi y gagnèrent de connaître la manière de voyager dans ce pays, en attendant l’occasion de combattre. Au retour de l’expédition de 1684 contre les Iroquois, les troupes régulières descendirent le fleuve en bateaux plats et, pour la première fois dit-on, sautèrent, à l’aide de ces embarcations, les cascades et les rapides situés au-dessus de Montréal. La Hontan se lamente très fort sur une telle manière de voyager. Il ajoute que les milices, montées sur leurs canots d’écorce se dispersèrent au gré d’un chacun, pour retourner vers le Bas-Canada — ce qu’il regarde comme de l’indiscipline au premier chef. Cet officier n’était pas au fait des allures des Canadiens : braves et actifs à l’heure du péril, nonchalants et débandés aussitôt que le signal du retour avait sonné. Le 27 octobre 1687, M. de Denonville écrivait au ministre :