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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

À la suite des notes que nous avons données touchant les troupes envoyées au Canada et les miliciens du pays, de 1636 à 1655, il faut mettre ce qui suit :

1656. Printemps. Le capitaine Zacharie Dupuis[1], commandant du fort de Québec, s’embarque avec cinquante-cinq hommes pour aller former un établissement chez les Iroquois.

1658. Mars. Voir le règlement de M. de Maisonneuve au sujet du port des armes à Montréal[2]. Le 26 août de cette année, François Hertel sieur de la Frenière, né dans le pays (1642), est cité comme soldat, au registre des audiences des Trois-Rivières. C’était le commencement de la carrière de ce militaire distingué..

1660. Juillet. Des colons combattent, sous les ordres de M. d’Argenson, près du lac Saint-Pierre. D’après la Relation, il n’y a presque pas de troupes royales en Canada. Étienne Pezard sieur de la Touche, officier dans les troupes du roi, était aux Trois-Rivières cette année.

De 1636 à 1664, il y eut constamment des soldats réguliers parmi nous, mais en très petit nombre. La milice volontaire commence en 1649. La milice sédentaire date de 1651, sinon auparavant. Les premières troupes envoyées par Louis XIV (1662-4), loin d’inspirer aux habitants la pensée de laisser la défense du pays aux soldats, semble avoir réveillé chez eux le goût des armes si cher à la race française. Deux familles, entre autres, s’appliquèrent à l’organisation d’une milice effective : les Le Gardeur et les Le Neuf. Pierre Le Gardeur de Repentigny et Michel Le Neuf de la Vallière, tous deux nés en Canada, étaient les officiers de ce nouveau corps, et c’est pourquoi les membres du conseil souverain ne contestèrent point à Jacques Le Neuf le droit de diriger cette branche du service public.

On s’occupait de ces disputes touchant les pouvoirs du gouverneur par intérim (M. de Mézy était décédé le 5 mai), lorsque, le 17 juin, quatre compagnies du régiment de Carignan-Salières débarquèrent à Québec. Elles furent renforcées, quelques jours après (le 30), par quatre autres compagnies (on ne dit de quel régiment), sous les ordres de M. de Tracy, qui les ramenait des îles.

Dès le printemps, les Iroquois avaient recommencé leurs courses. Le 7 mai, cent cinquante sauvages et cent Canadiens étaient partis avec M. Le Gardeur de Tilly pour les repousser. Le 23 juillet, quatre compagnies des troupes nouvellement arrivées partirent de Québec sur de légers bateaux propres à la navigation de la rivière Richelieu, et, comme elles allaient atteindre les Trois-Rivières, elles furent rejointes par une compagnie de volontaires canadiens sous les ordres de M. Le Gardeur de Repentigny. Ce ne fut pas sans à-propos ; car la place était menacée par les ennemis ; un retardement dans la marche des troupes eut pu occasionner des malheurs plus grands que les meurtres de quelques habitants et la captivité de certains autres — toutes choses qui venaient de se produire aux portes du fort. Selon leur coutume, les ennemis se retirèrent pour aller couper le fleuve en amont des Trois-

  1. Veuf de Jeanne Fouvenel. En 1668, il épousa, à Québec, Jeanne Groisat. En 1670, il était major de la garnison de Montréal, et il mourut dans cette ville six années plus tard.
  2. Société historique de Montréal, 3ème livraison, pp. 125-7.