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CHAPITRE III

1664-65


La compagnie des Indes. — Le régiment de Carignan.


U

n mot des dernières concessions de terres faites entre la date de l’abolition des Cent-Associés et celle de la création de la compagnie des Indes, puis nous entrerons dans l’histoire des événements qui transformèrent le Canada.

Claude Robutel de la Noue, sieur de Saint-André, étant à Paris, en compagnie de Jacques Le Ber et Jean de Lavigne, tous habitants de Montréal, M. de Lauzon leur accorda (28 janvier 1664) l’île Saint-Paul, située près Montréal, pour en jouir à titre de fief noble s’ils la possédaient par indivis, ou de trois fiefs distincts s’ils la divisaient par portions égales ; le tout sous la coutume du Vexin-français. Le 14 novembre suivant, à Montréal, fut signé l’acte du partage de l’île en trois fiefs, celui de Robutel occupant le milieu. Jean de Lavigne donna plus tard (14 février 1669) son fief à Marie Le Ber, laquelle, par contrat du 30 août 1669, le passa à son frère, Jacques Le Ber ci-dessus. En 1676, Robutel et Le Ber obtinrent que l’on substituât la coutume de Paris à celle du Vexin-français ; en même temps, on réunit les deux fiefs des extrémités de l’île sous le nom de Saint-Paul, et on imposa à celui du milieu le nom de La Noue[1]. L’île formait partie du grand domaine de la Citière ; c’est à cause de cela que M. de Lauson la concéda sans l’intervention du gouvernement.

Voici le titre de la seigneurie de Champlain : « Nous, messire Augustin de Saffray, chevalier de Mésy, maréchal de camp, lieutenant général et gouverneur pour le roi de toute la Nouvelle-France, et François de Laval, évêque de Pétrée, vicaire apostolique en la dite Nouvelle-France, nommé, par Sa Majesté, premier évêque du dit pays lorsqu’il aura plu à Notre Saint-Père le Pape d’y en établir un ; en vertu du pouvoir[2] à nous donné et enregistré où il est dû, pour la distribution des terres de la Nouvelle-France — donnons et concédons par ces présentes à Étienne Pezard, écuier, sieur de la Touche, capitaine de la garnison des

  1. Titres seigneuriaux, pp. 124, 137. Vie de la sœur Bourgeois, II, 258-9.
  2. C’est-à-dire en vertu de l’arrêt de révocation du 21 mars 1663.