Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome IV, 1882.djvu/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

de la Mêlée, Jacques Bertrand, Jacques Brisset, Jean Pacault, Pierre Dandonneau dit Lajeunesse et Michel Lemay, tous habitants des Trois-Rivières. » Les concessionnaires s’engagent à faire moudre au moulin des jésuites les grains provenant de l’île « lorsque le dit moulin sera bâti. » Dans l’intervalle des cinq années qui suivirent, Christophe Crevier racheta les parts de ses co-propriétaires ; c’est de lui que ce domaine a pris le nom de Saint-Christophe.

Le 10 août 1655, le gouverneur-général concède à Estienne de la Fond, habitant des Trois-Rivières, un quart de lieue de terrain au-dessus de la rivière dite la Madeleine, et un quart de lieue au-dessous, de front sur le fleuve, du côté du nord, au-dessus des Trois-Rivières, et trois lieues de profondeur dans les terres, en fief, avec droits de haute, moyenne et basse justice, mouvant de Québec par un seul hommage, à la charge du revenu d’une année à chaque mutation de possesseur, suivant la coutume du Vexin Français enclavée de la coutume de Paris. Cette rivière de la Madeleine est-elle la même que les Relations (1644, p. 41 ; 1652, p. 33) désignent comme étant située à six lieues au-dessus des Trois-Rivières ? Si oui, ce serait l’une des rivières Machiche. La Fond ne paraît pas avoir fait valoir ses droits (il mourut en 1665, comme se terminait la guerre des Iroquois) ; mais son parent, Pierre Boucher, se fit accorder plus tard (1672) le titre de la seigneurie de Grosbois, aujourd’hui Machiche.

Le 20 octobre 1655, le gouverneur-général accorde à Pierre Boucher une île située dans l’embouchure du Saint-Maurice, un peu au-dessus de l’île Saint-Christophe, « à perpétuité, en fief mouvant de Québec par un seul hommage, à la charge du revenu d’une année à chaque mutation de possession, suivant la coutume du Vexin Français enclavée de la prévosté et vicomte de Paris, et sera la dite île nommée l’île Saint-Joseph[1]. »

Le 1er avril 1656, sont données à Nicolas[2] Juchereau, écuyer, sieur de Saint-Denis, » trois lieues de front sur le fleuve, du côté du sud, au lieu dit Kamouraska par les sauvages, à prendre les dites trois lieues de front à commencer une lieue au-dessus de la pointe du sud-ouest en montant, et deux lieues en descendant au nord-est, et deux lieues de profondeur dans les terres… en tous droits de haute, moyenne et basse justice… aux mêmes droits que la compagnie de la Nouvelle-France en jouit par la donation qui lui en a été faite par l’édit de son établissement, à la réserve toutefois de la foi et hommage que le dit sieur Saint-Denis, ses hoirs et ayants cause seront tenus porter en la senechaussée de Québec par un seul hommage, et pour rachat le revenu d’une année à chaque mutation de possesseur, suivant la coutume du Vexin Français enclavée de celle de Paris. » Cette seigneurie porte le nom de Saint-Roch des Aulnais.

La compagnie érige (9 avril 1656) en faveur de M. Louis d’Ailleboust, « directeur de la traité de la Nouvelle-France, » la terre de Coulonge « en titre de châtellenie, avec justice haute, moyenne et basse, suivant la coutume de Paris. »

  1. Titres seigneuriaux, p. 85.
  2. Fils de Jean Juchereau sieur de Maure. Marié (1649) avec M.-Thérèse Giffard, il hérita de la belle seigneurie de Beauport.