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CHAPITRE VII

1663-1673


Nouveau peuplement du Canada.



D

e 1632 à 1662, les progrès de la colonisation furent l’œuvre des seigneurs, ces humbles concessionnaires de terrains, venus ici dans l’espoir de créer un avenir à leurs familles. Ils figurent au premier rang des défricheurs. Ensuite viennent les jésuites, pour une part très mince. Ces deux influences se faisaient sentir dans les groupes de Québec et des Trois-Rivières. D’un côté comme de l’autre, on n’amenait de France que des hommes de choix.

Les nombreux documents qui expliquent l’origine de Montréal mettent au-dessus du doute la moralité de ses colons comme aussi celle des chefs qu’ils s’étaient donnés ; pas un seul écrivain n’a fait une allusion défavorable aux familles fixées dans ce gouvernement.

Ceux qui ont voulu critiquer le caractère des personnes envoyées au Canada se sont rabattus sur Québec, port de mer, endroit où aboutissaient tous les cancans du pays. Et encore faut-il bien noter que La Hontan, Beauchêne et Pouchot, les seuls auteurs dont on cite les traits méchants à l’adresse de nos ancêtres, n’ont jamais été témoins des scènes qu’ils racontent et n’ont fait que passer à travers le bas Canada, à titre de simples touristes. Une lecture attentive de leurs textes suffirait pour réfuter leurs propres assertions — mais nous avons mieux que cela dans les lettres et rapports qu’ils n’ont pas connus et qui sont de l’époque même où se passaient les événements en question.

« Avant 1660 arrivèrent au Canada l’émigration presque entière du Perche, que nous avons évaluée, en totalité, à trois ou quatre cents âmes, et les émigrations dirigées sur Montréal, trois cents à trois cent cinquante, ce qui, joint aux émigrations diverses venues à Québec et à Trois-Rivières, ne peut guère dépasser le nombre de mille à douze cents émigrants dans cette période ; ce qui, joint aux naissances, forme le chiffre de deux mille âmes qu’avait le Canada en 1660. » (Rameau : La France aux colonies)

Dans les instructions données au sieur Gaudais-Dupont (mai 1663), il est enjoint à ce commissaire de « s’enquérir s’il manque dans le pays des femmes ou des filles, » voulant, dit le roi, y en envoyer le nombre nécessaire l’année suivante. Cet officier n’était pas encore de