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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

n’ont rien trouvé de plus utile que d’ordonner le rétablissement de l’usage ancien des séminaires, où l’on instruisait les clercs dans les vertus et les sciences convenables à leur état. L’excellence de ce décret s’est fait voir par une expérience toute sensible, puisque le grand saint Charles-Boromée qui l’exécuta le premier, bientôt après ce concile, et plusieurs évêques qui ont suivi son exemple, ont commencé de redonner au clergé sa première splendeur, particulièrement en France ; ce moyen si efficace pour réformer la conduite ecclésiastique dans les lieux où elle s’était affaiblie, nous a fait juger qu’il ne serait pas moins utile pour l’introduire où elle n’est pas encore, qu’il l’a été dans les premiers siècles du Christianisme. À ces causes considérant qu’il a plû à la divine providence nous charger de l’église naissante du Canada dit la Nouvelle-France ; et qu’il est d’une extrême importance dans ces commencements de donner au clergé la meilleure forme qui se pourra pour perfectionner des ouvriers, et les rendre capable de cultiver cette nouvelle vigne du Seigneur, en vertu de l’autorité qui nous a été commise, nous avons érigé et érigeons dès à présent et à perpétuité, un séminaire pour servir de clergé à cette nouvelle église, qui sera conduit et gouverné par les supérieurs que nous ou les successeurs évêques de la Nouvelle-France y établiront, en suivant les règlements que nous dresserons à cet effet ; dans lequel on élèvera et formera les jeunes clercs qui paraîtront propres au service de Dieu, et auxquels, à cette fin, l’on enseignera la manière de bien administrer les sacrements, la méthode de cathéchiser et prêcher apostoliquement, la théologie morale, les cérémonies, le plein chant grégorien, et autres choses appartenant aux devoirs d’un bon ecclésiastique ; et en outre, afin que l’on puisse dans le dit séminaire, et clergé former un chapitre qui soit composé d’ecclésiastiques du dit séminaire, choisis par nous, et les évêques du dit pays qui succéderont, lorsque le roi aura eu la bonté de le fonder, ou que le dit séminaire de soi, aura le moyen de fournir à cet établissement par la bénédiction que Dieu y aura donnée, nous désirons que ce soit une continuelle école de vertu et un lieu de réserve, d’où nous puissions tirer des sujets pieux et capables pour les envoyer à toutes rencontres, et au besoin dans les paroisses, et tous autres lieux du dit pays, afin d’y faire les fonctions curiales, et autres, auxquelles ils auront été destinés, et les retirer des mêmes paroisses et fonctions quand on le jugera à propos, nous réservant pour toujours et aux successeurs évêques du dit pays comme aussi au dit séminaire par nos ordres, et les dits sieurs évêques le pouvoir de révoquer tous les ecclésiastiques qui seront départis et délégués dans les paroisses et autres lieux, toutefois et quantes qu’il sera jugé nécessaire, sans qu’on puisse être titulaire, et attaché particulièrement à une paroisse, voulant au contraire qu’ils soient de plein droit, amovibles, révocables et destituables à la volonté des évêques et du séminaire par leurs ordres, conformément à la sainte pratique des premiers siècles suivie et conservée encore à présent en plusieurs diocèses de ce royaume ; et d’autant qu’il est absolument nécessaire de pourvoir le dit séminaire et clergé d’un revenu capable de soutenir les charges et les dépenses qu’il sera obligé de faire, nous lui avons appliqué et appliquons, affecté et affectons dès à présent, et pour toujours toutes les dixmes de quelque nature qu’elles soient, en la manière qu’elles seront levées dans toutes les paroisses et lieux du dit