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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Durant la période qui va de 1665[1] à 1671, il ne paraît pas avoir été accordé de titre en forme pour des nouvelles seigneuries, mais seulement quelques promesses par billets ou simples lettres adressés à des particuliers. Le 10 juin 1668, le gouverneur donne à Maurice Poulain, sieur de la Fontaine, procureur du roi aux Trois-Rivières, permission de faire travailler sur une terre, avec promesse de lui fournir un titre de concession. C’est l’emplacement actuel de ce que l’on nomme les Vieilles Forges. Le titre définitif fut signé en faveur de Jeanne Jallaut, veuve de Maurice Poulin, le 4 août 1676, et les travaux de défrichements commencés continuèrent après cette date. La famille Poulin ouvrit les mines de fer de ce lieu.

Le 17 juin 1669, les deux fiefs concédés (1647) à Pierre Lefebvre et à Nicholas Marsolet, furent achetés par Michel Pelletier, sieur de la Prade, lequel obtint deux autres concessions avoisinant (1669 et 1676), et s’établit sur les lieux. La seigneurie ainsi formée portait le nom de Gentilly dès 1676, date du titre qui la reconnaît.

Jean Lemoyne, habitant du Cap-de-la-Madeleine, obtient (3 janvier 1669) le fief Sainte-Marie, à l’entrée de la rivière Sainte-Anne de la Pérade. Le titre ne lui en fut livré qu’en 1672.

Louis Godefroy de Normanville et le sergent Labadie reçurent respectivement un fief dans la banlieue des Trois-Rivières, les 10 février et 10 juillet 1670, mais les titres sont de l’automne de 1672.

Talon, propriétaire de la seigneurie des Islets, obtient (14 mars 1671) du roi « cession et transport des trois villages qui y sont voisins et à nous appartenant ; le premier appelé Bourg Royal, le second Bourg la Reine, et le troisième le Bourg Talon, » pour être unis et incorporés à sa terre des Islets. Le tout est érigé en baronnie, sans augmentation de charges pour les habitants. En 1675, cette baronnie fut érigée en comté, sous le nom d’Orsainville, à la demande de Talon.

Depuis le retour de cet intendant (1670) jusqu’au mois d’octobre 1672, on ne voit pas que des concessions de terres aient été faites en Canada, soit au nom du roi, soit au nom de la compagnie des Indes Occidentales.

L’arrêt de retranchement que voici est du 4 juin 1672, signé à Saint-Germain par Colbert : « Le roi étant informé que tous ses sujets qui ont passé de l’ancienne en la Nouvelle-France ont obtenu des concessions d’une très grande quantité de terres le long des rivières du dit pays, lesquelles ils n’ont pu défricher à cause de la trop grande étendue, ce qui incommode les autres habitants du dit pays, et même empêche que d’autres Français n’y passent pour s’y habituer, ce qui étant entièrement contraire aux intentions de Sa Majesté pour le dit pays et à l’application qu’elle a bien voulu donner depuis huit ou dix années pour augmenter les colonies qui y sont établies, attendu qu’il ne se trouve qu’une partie des terres le long des rivières cultivées, le reste ne l’étant point, et ne le pouvant être à cause de la

  1. Voir page 34 du présent volume.