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Le sieur de Charny, âgé de vingt ans, fils de M. de Lauson, prit la charge de gouverneur-général en attendant qu’un successeur fût nommé. Cet enfant devint, encore plus que son père, le jouet des Cinq-Nations. Les délégués iroquois se présentèrent à lui, en 1657, et lui intimèrent l’ordre de leur livrer les derniers Hurons. Cela se passait à Québec, en présence de toutes les autorités de la colonie — et personne n’osa répondre à d’aussi humiliantes propositions ! Et, comme pour mettre le comble à ce déplorable état de choses, on consentit à envoyer un certain nombre de Français former un établissement au milieu du pays des Iroquois. C’était non-seulement subir l’insolence de nos ennemis, mais entrer dans leurs vues et leur obéir à la lettre. Les jésuites y voyaient la cause de la religion à servir, et les amis du gouverneur s’imaginaient que la bonne entente allait désormais régner entre les Français et toutes les nations : double erreur dont il est étrange qu’on ne se soit pas aperçu ; car les Iroquois n’en étaient pas à leurs premières fourberies !

Il ne restait plus d’espoir à la colonie en dehors de Montréal. Ce petit poste devenait le boulevard de tout le pays. La force armée des Trois-Rivières était à peine suffisante pour garder les abords du village. Les habitants, trop dispersés autour de Québec, soit à l’île d’Orléans, soit à la côte de Beaupré, soit aux environs de Sillery, se trouvaient dans l’impossibilité de se défendre malgré leur nombre, tandis qu’à Montréal, outre l’avantage du groupement, on avait eu à la tête du poste, depuis plusieurs années, un homme d’énergie qui était en même temps un militaire redouté des Iroquois. Cependant, la situation menaçant de se compliquer davantage, M. de Maisonneuve était passé en France, l’automne de 1656, dans l’espoir d’obtenir des secours, et le sort de la colonie entière dépendait de nouveau du succès de ce personnage dévoué.




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