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qui borne la concession des sauvages, le fleuve Saint-Laurent, et à la rivière du Cap-Rouge, icelle rivière du Cap-Rouge comprise… (Signé) De Lauson ; et plus bas : par monseigneur : (signé) Durant[1]. » Depuis ce temps, la seigneurie est bornée au nord-est par Sillery et Notre-Dame-des-Anges, au nord-ouest par Saint-Augustin ou Des Maures, en arrière par la rivière Jacques-Cartier, et en front par le fleuve ; elle mesure quarante-cinq arpents sur quatre lieues de profondeur.

Le 15 avril 1653, M. de Lauson avait accordé à ce même fils, Louis, une étendue de terre de trois lieues de front sur trois lieues de profondeur, comprenant la rivière au Saumon, vis-à-vis l’Île-Verte ; et, le 31 décembre (1653), il lui concède vingt arpents de front au fleuve, sur une profondeur d’une lieue et demie[2]. Le jeune Louis, ainsi pourvu, songea à se marier. Le 3 octobre 1655, il épousa Catherine, fille de feu Jacques Nau de Fossambault, conseiller du roi et procureur-général des finances en Berry, et de Catherine Granger, demeurant à Pau. Cette jeune personne (née 1634) avait été envoyée à Québec (1655) par la duchesse d’Aiguillon pour être religieuse à l’Hôtel-Dieu. « Elle avait beaucoup d’esprit et de piété, mais point de vocation. » Sa sœur, Marie-Thérèse, se maria (1663) avec Joseph Giffard.

Jean de Lauson, grand-sénéchal, ne fut pas oublié. Le 1er  septembre 1652, on lui donna la rivière du Petit-Pré, consistant en vingt-huit arpents au fleuve sur une lieue et demie de profondeur. Puis, le 3 octobre 1653, il reçut une autre seigneurie, entre celle de Lauzon et celle de Bellechasse, avec pareille profondeur dans les terres. Ensuite (14 août 1655), il eut dix arpents de terre faisant partie de la ferme de la Grange, avec la cour et les bâtiments. En compensation, Jean, qui possédait aussi la seigneurie de Lauzon, concéda diverses terres sur cette côte, de 1652 à 1658 ; l’une d’elles fut accordée (1652) à « messire Charles de Lauzon, chevalier, seigneur de Charny, grand maître des eaux et forêts en la Nouvelle-France[3]. »

Charles de Lauzon, troisième fils du gouverneur, était arrivé à Québec le 23 juin 1652, et, bien que âgé à peine de quinze ans, il était déjà revêtu d’une charge en apparence considérable et qu’on venait de créer pour lui ; les eaux et forêts de la Nouvelle-France, c’était quelque chose de plus étendu que les ombrages de Fontainebleau ! Dès le 12 du mois d’août suivant, il épousa Marie-Louise, fille de Robert Giffard, seigneur de Beauport, âgée de treize ans et cinq mois.

L’année suivante, Giffard fit reculer les bornes de sa seigneurie du côté de Montmorency, et reçut la concession de Mille-Vaches[4] : « trois lieues de front sur le fleuve, du côté du nord, au dessous de Tadoussac et les grandes et petites Bergeronnes, avec quatre lieues de profondeur… suivant la coutume du Vexin-le-Français[5] enclavée de celle de Paris[6]. » M. de Lauson avait des vues du côté de Tadoussac.

  1. Titres seigneuriaux, 384.
  2. Société historique de Montréal, 1859, p. 95. Bouchette, article « Verte ».
  3. Idem, 1859, p. 95
  4. Ainsi nommée en raison du grand nombre de vaches marines qui se rencontraient dans le voisinage.
  5. Première mention de cette coutume au Canada.
  6. Titres seigneuriaux, 352, 388.