Page:Sulte - Histoires des Canadiens-français, 1608-1880, tome III, 1882.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
histoire des canadiens-français

Anne, dont nous allons parler ; Geneviève, qui épousa (1653) Louis Couillard de l’Épinay ; Guillaume, et Nicolas, noyé en 1652.

Le 21 octobre 1651, Jean de Lauson, grand-sénéchal et « lieutenant au gouvernement de la Nouvelle-France, » signa son contrat de mariage avec Anne Després ci-dessus nommée ; la cérémonie eut lieu à l’église deux jours plus tard. Signatures au contrat : Jean de Lauson, Anne Després, De Lauson, Thiennète Després, Geneviève Després, Duplessis Querbodo, Paul Ragueneau, supérieur, Barthélémy Vimont, curé, Louis de Lauson, Guillaume Després.

Les appointements du gouverneur des Trois-Rivières venaient d’être fixés à cinq mille deux cent cinquante francs, et cette charge confiée à M. Duplessis-Bochart, qui en prit possession vers le 15 novembre. Pour compenser cette augmentation de dépense, on retrancha mille francs à M. de Maisonneuve sur ce qui lui était versé annuellement, pour lui et sa garnison, ce qui le réduisit à trois mille. Le gouverneur-général, dont l’intervention est visible dans toute cette affaire, obtint pour lui-même un supplément de deux mille livres, sans autre charge que d’accroître la garnison de Québec de trois soldats. M. de Lauson, cependant, passa pour mesquin aux yeux des gens du pays ; car il ne mit jamais, paraît-il, sa maison sur un pied digne du rang qu’il tenait ici. D’un autre côté, Montréal ne plaisait que médiocrement à ce fonctionnaire, et il ne manqua point les occasions de le témoigner. « À Québec, écrit M. l’abbé Faillon, le conseil attribuait des pensions aux jésuites, aux ursulines, aux hospitalières, à la fabrique de la paroisse, au chirurgien, au boulanger et à beaucoup d’autres, et il n’y avait pour Villemarie que trois mille livres, destinées au gouverneur et à sa garnison, et quatre cents livres pour le garde-magasin de la compagnie des Habitants. »

L’été de 1651, les Iroquois étaient devenus tellement nombreux dans l’île de Montréal, que l’on avait dû abandonner les cinq ou six maisons habitées par des familles françaises, et que Mlle  Mance, ne se voyant pas en sûreté à l’hôpital, en sortit pour se réfugier au fort avec tout le monde. Elle pressa M. de Maisonneuve de se rendre à Paris, d’y voir madame de Bullion et de prendre des arrangements pour relever leur colonie, sans quoi, pensait-on, il valait mieux s’en retourner en France. Ce gentilhomme, tout dévoué à l’œuvre méritoire qu’il poursuivait depuis plusieurs années, descendit à Québec et commença par plaider la cause de Montréal auprès de M. de Lauson ; mais tout ce qu’il put obtenir fut la promesse d’un renfort de dix soldats. Il avait laissé son poste entre les mains de M. d’Ailleboust[1] des Musseaux[2], ne voulant pas y rappeler M. Louis d’Ailleboust, probablement à cause des vues de ce brave officier, lesquelles ne s’accordaient pas avec celles de M. de Lauson — et l’on croyait prudent de ne point susciter d’antagonisme entre deux hommes placés à la tête du pays. M. de Maisonneuve s’embarqua pour la France le 5 novembre 1651. La plupart des missionnaires, revenus du pays des Hurons, retournèrent aussi en France ; il resta trente jésuites au Canada. Cinq religieux de cet ordre avaient péri, depuis six ans, de la main des

  1. Le 8 septembre 1650, arriva de France « M. d’Ailleboust le jeune, » avec Mlle  Mance, dit le Journal des Jésuites.
  2. Le 16 septembre 1652, à Québec, il épousa Catherine, fille de feu Pierre Le Gardeur de Repentigny.