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Jean Clément du Wault, chevalier, seigneur de Monceaux, commandant un régiment de chevaux-légers, une demi-lieue sur cinq de profondeur, qui forme la seigneurie de la rivière Jacques-Cartier ; et un arpent de terre, à prendre « dans l’enceinte désignée pour la ville de Québec, ou aux Trois-Rivières ». Le nom de la rivière Jacques-Cartier était adopté dès cette époque. Madame de Monceaux est citée à Québec en 1649 ; l’année suivante, elle fit un voyage en France et revint en 1651… Le petit fief Pachirini, dans la ville des Trois-Rivières, occupé par les jésuites depuis 1634, fut accordé à ces pères, le 5 juin 1651, en pure roture, « à condition d’y faire bâtir la renclore fermée du village de ce lieu. » La même année, fut signé en leur faveur le titre définitif de la seigneurie du Cap-de-la-Madeleine.

M. Jean de Lauson paraît avoir quitté le Dauphiné vers 1650. À cette époque, sa femme, Marie Gaudart, était décédée. Son fils aîné, Jean, avait visité Québec en 1644, puis il était entré dans le régiment de Navarre, ensuite dans celui de Picardie, où il était fort considéré du duc d’Épernon et devint capitaine vers l’âge de quinze ou seize ans. Les affaires du Canada s’embrouillaient ; la compagnie des Habitants s’était endettée à la Rochelle ; les charges qu’elle avait assumées pour l’entretien du pays étaient onéreuses ; la guerre des Iroquois gênait les transactions ; les différends soulevés au sujet du choix des prêtres et de la nomination d’un évêque compliquaient la situation. Le 2 janvier 1651, le bureau des Cent-Associés se réunit chez M. A. Cheffault, son secrétaire, et « ayant mis en délibération qu’attendu que les trois ans du gouvernement de M. d’Ailleboust… étaient expirés… et, suivant qu’il est accordé à la compagnie présenter au roi et à la reine régente trois associés en la dite compagnie, pour par l’un d’eux faire et exercer la dite charge pendant trois ans, il a été résolu que les sieurs de Lauson, conseiller ordinaire du roi en son conseil d’État et privé, Duplessis-Guerbodo et Robineau Bécancour, associés en la dite compagnie, seront présentés au roi et à la reine pour être l’un des trois qu’il leur plaira. » Le 17 janvier, le roi signa la commission qui suit :

« Étant le nécessaire, pour le bien de notre service, de pourvoir d’un gouverneur et notre lieutenant-général dans toute l’étendue du fleuve Saint-Laurent, au lieu et place du sieur Daillebout, dont le tems, qui ne doit être que de trois ans, ordonné par nos règlemens pour le dit pays, est expiré, savoir faisons que pour l’entière confiance que nous avons de la personne de notre amé et féal conseiller de notre conseil d’état, le sieur de Lauzon… établissons par ces présentes… gouverneur et notre lieutenant-général dans toute l’étendue du fleuve Saint-Laurent en la Nouvelle-France, isles et terres adjacentes de part et d’autre du dit fleuve, et autres rivières qui se déchargent en icelui jusqu’à son embouchure, à prendre dix lieues près de Miscou[1], du côté du sud et du côté du nord, autant que s’étendent les terres du dit pays, de la même sorte et tout ainsi que l’avait, tenait et exerçait le dit sieur Daillebout, pour trois ans seulement[2] qui commenceront du jour que le dit sieur de Lauzon arrivera à Québec ; auquel nous donnons plein pouvoir… de commander dorénavant tant aux

  1. Depuis 1645, la traite du Saint-Laurent, au dessus de Miscou, appartenait aux Habitants.
  2. M. de Lauson, qui était un homme de poigne, garda sa commission six ans.