CHAPITRE III
1648-53.
Les concessions de terre, de 1648 à 1651, sont à peu près sans importance, ce qui s’explique par le malaise général qui régnait dans la colonie. Le dernier acte de ce genre que M. de Montmagny paraît avoir fait est daté du 15 août 1648 ; c’est l’échange d’un morceau de la seigneurie des jésuites, aux Trois-Rivières, pour un autre lopin, d’égale étendue, situé dans la banlieue actuelle. Les six cents arpents concédés aux pères (1634) se trouvaient contigus aux propriétés des habitants. Tout le plateau de la haute-ville était déjà en culture ; il ne restait plus (1648) d’espace pour un pâturage en commun ; les pères s’opposaient à la cession d’une lisière demandée pour cette fin. Le conflit de 1646, au sujet du Cap-de-la-Madeleine, se renouvela, et on en vint aux menaces, si bien que les religieux durent céder. Plus tard, nous verrons que la lutte n’était qu’engagée.
Michel Le Neuf du Hérisson, passé en France, l’automne de 1648, y fut retardé quelques mois par suite du départ de la cour de Paris pour Saint-Germain : on était en pleine guerre de la Fronde. Le calme s’étant rétabli, au printemps de 1649, ce seigneur se fit donner une lieue de terre de front sur cinq lieues de profondeur, à prendre dans la banlieue des Trois-Rivières, à la suite des terrains des jésuites ; c’est aussi en cette occasion que furent accordés le marquisat du Sablé, dans la ville actuelle, à Jacques Leneuf de la Poterie ; l’île aux Cochons, dans les bouches du Saint-Maurice, au même la Poterie ; et que les pères jésuites décidèrent d’appeler des colons dans leur seigneurie du Cap-de-la-Madeleine (voir tome II, page 141), où ils établirent une résidence en 1651. De plus, Leneuf de la Poterie activait le défrichement de sa concession de Portneuf, en ayant fait renouveler le titre l’année 1647. Le 29 mars 1649, la compagnie des Cent-Associés concède à Anne Gagnier, veuve de