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et simple, nous persuade que ces révérénds pères ne manquèrent point de bonne volonté pour nous rendre le réciproque dans l’occasion présente, et qu’ils ne manquèrent que de crédit et de pouvoir dans le conseil de Québec, comme ils nous en assurèrent l’année suivante par leur lettre. On juge assez que la résolution ne fut pas en notre faveur, et que M. de Lauzon, qui passa ensuite au pays en qualité de gouverneur, ne manqua pas de continuer aux récollets les offices qu’il leur avait rendus jusques alors[1]. »

Au mois de juin (1051), les personnes suivantes écrivirent, au nom de la compagnie des Cent-Associés, une lettre adressée au général des jésuites à Rome : De la Ferté abbé de la Madeleine, Margonne, Robineau, Fleuriau, Desportes, J. Beruyer et Cheffiault secrétaire. On y lit :

« Dieu ayant voulu se servir de nous pour l’établissement de la compagnie de la Nouvelle-France, dite Canada, qui n’a eu d’autre dessein que la gloire de Dieu par la conversion des peuples de ce pays, ou nous avons contribué de nos soins et de nos biens plus de douze cent mille livres, depuis vingt-deux à vingt-trois années que cet établissement a commencé, et quoique les pères de votre compagnie n’ont pas seulement employé leurs personnes, mais leurs vies qu’ils ont libéralement sacrifiées pour ce saint œuvre, et à présent que cette colonie se forme et se rend nombreuse, nous avons estimé qu’il était nécessaire pour la consolation des habitants français et des sauvages convertis d’y avoir un évêque que nous avons supplié très-instamment la reine de nous l’accorder, ce qu’elle a fait, et même promis d’en écrire à Sa Sainteté ; et comme l’obligation principale que notre compagnie et ces peuples ont à vos pères, nous avons cru qu’il était à propos d’en avoir un d’entre eux pour être évêque de ce pays. Ce qu’ayant été proposé au conseil des choses ecclésiastiques établi par Sa Majesté très-chrétienne, en présence du père Paulin, confesseur du roi, qui a sa place au conseil, il en a été nommé trois, qui sont les pères Lallemant, Ragueneau et Le Jeune et renvoyé aux pères de votre compagnie pour le choix de l’un des trois, dont, sans doute, l’on vous écrira, bien que notre dite compagnie n’ait nommé à Sa Majesté que le père Charles Lallemant, supérieur de la maison de Paris, lequel ayant été l’un des premiers qui s’est exposé dans les périls ordinaires pour la conversion des sauvages, jusqu’à trois naufrages qu’il a soufferts en ces voyages, pour lequel M. de Lauzon, gouverneur du pays, et notre compagnie avons très-grande inclination, ce qui fait que nous supplions instamment votre paternité nous faire la grâce d’agréer le choix de sa personne, dont la naissance, son emploi dans les charges, et son mérite le rendent recommandable. Votre paternité nous pourrait objecter celui qu’il a présentement de supérieur en la dite maison de Paris ; mais quand elle considérera qu’il faut du temps pour achever cette œuvre avant qu’elle soit parfaitement établie, et que, par ce moyen, il pourrait encore accomplir celui de sa supériorité ; cela réussissant selon nos souhaits, le pays[2] et notre compagnie vous aurions très-grande obligation

  1. Premier Établissement, I, 498-513.
  2. Le pays protestait précisément contre tout ceci !