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deux soldats, La Groye et La Fontaine, se battirent à l’épée. « La Groye[1] fut blessé en deux endroits pour s’être comporté sagement et chrétiennement, ce qui ayant été vérifié par les sauvages, La Fontaine fut mis en une fosse, » autrement dit dans un cachot. Au même endroit (juillet 1646), le parrain d’un petit Attikamègue fut Marin Terrier de Francheville, sieur de Repentigny, soldat, lequel devint colon et fut tué par les Iroquois en 1653.

Un nommé Jacques Clique, soldat, de Rouen, se noya en 1646, ainsi qu’un autre soldat de Rouen appelé Jacques Auclaire ou Aucleine. Le soldat… Decovenne est cité aux Trois-Rivières en 1647. « Dominus de Boisvert, miles, » est mentionne en 1648, ainsi que… Largille, soldat. Au mois de septembre (1648), on amena de Montréal à Québec un tambour condamné aux galères ; au lieu de subir sa peine, il accepta l’office d’exécuteur des hautes œuvres. Trois soldats, emprisonnés aux Trois-Rivières, sont suffoqués « par la fumée de charbon et l’eau-de-vie, » vers la fin de décembre 1648. Le 3 avril suivant, même lieu, Louis Mariche de Saint-Maurice, soldat et chirurgien, est parrain d’une Algonquine. Au mois d’août 1649, douze soldats allèrent au pays des Hurons. Simon Desfossés et son frère, tous deux soldats, partis pour les mêmes contrées en 1648, revinrent l’automne de 1649, apportant sept cent quarante-sept livres de castor qui leur fut payé quatre francs et cinq francs cinq sous la livre. Les autres Français formant partie de la même expédition apportaient vingt-cinq mille livres pesant de castor, qu’ils faillirent perdre en arrivant aux Trois-Rivières ; car les Iroquois les surprirent à une demi-lieue du fort, et ne furent repoussés qu’après un combat très animé. François Turpin dit Lafleur, de Paris, est cité comme soldat du camp volant en 1649.

Ce camp volant, dont le projet datait au moins de 1647, fut organisé au printemps de 1649, et ses quarante hommes mis sous les ordres de Charles-Joseph d’Ailleboust, lequel les conduisit aussitôt à Montréal, où l’on en avait le plus besoin. Le 1er  janvier 1650, à Québec, des soldats tirèrent une salve en l’honneur des révérends pères jésuites, sur l’ordre du gouverneur. Le 17 mars, on « assembla la jeunesse pour aller sur les Iroquois. » Le 30 août, la mère de l’Incarnation écrit : « Le secours ne peut venir que de la France, parce qu’il n’y a pas assez de forces en tout le pays pour résister aux Iroquois. » La situation était, en effet, comme désespérée : les cinq cantons pouvaient mettre en campagne au moins deux mille hommes, et c’est à peine si le Canada eut pu en fournir deux cent cinquante, dont la plupart ignoraient et le métier des armes et la vie du coureur de bois. Le camp volant devait aider les habitants à repousser les Iroquois, ce « qui lui fut plus aisé que de les battre, observe M. Dollier de Casson ; car aussitôt qu’ils entendaient le bruit des rames de ses chaloupes, ils s’enfuyaient avec une telle vitesse qu’il n’était pas facile de les rejoindre… Si l’on avait eu l’expérience que l’on a aujourd’hui… mais nous n’avions pas les lumières… et nous étions moins habiles à la navigation du canot qui est l’unique dont on doit user contre ces gens-là. » Le père Vimont écrivait, en 1642, parlant du projet de construire un fort au lac Saint-Pierre :

  1. En 1647, il y avait un nommé La Groye, censitaire des jésuites près Beauport.