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Durant la seconde, Champlain travaille à créer un centre agricole. Il n’y parvient pas.

Vers 1620, la société de marchands, dont Guillaume de Caen est le chef, inspire quelque confiance ; il en résulte un léger commencement de colonisation, qui résiste à peine à la bourrasque de 1628-31.

De 1632 à 1635, Champlain a le bonheur de mettre la main à l’exécution pratique du plan qu’il avait conçu.

L’année 1636 nous amène M. de Montmagny en qualité de gouverneur, ou plutôt nous livre à l’influence néfaste des marchands favorisés. Les conflits d’intérêts matériels sont à l’ordre du jour. Au milieu de ces débats, l’Habitant est méconnu ; on lui laisse à peine l’air libre. Tout roule, en apparence, sur le motif de la conversion des sauvages. Les accapareurs ont la main ferme et les doigts longs. La traite de ce pays, si riche en fourrures, est à eux ; les obligations qu’ils ont contractées, en retour de ce privilège royal, sont mises en oubli. Lorsque l’Habitant, poussé à bout, remontre contre les abus, on jette ses requêtes au panier. Un jour (1645), la crise étant devenue plus vive, un coup de Jarnac fait retomber sur les plaignants les charges des Cent-Associés. Par excès de courage, et afin de se débarrasser de cette influence maligne qui pèse sur eux, les véritables fondateurs de la colonie — les Habitants — acceptent ces conditions déjà trop lourdes, et, pour les punir de cet acte patriotique, les accapareurs suscitent sans relâche de nouveaux obstacles. Pauvre M. de Montmagny ! homme droit et sincère, qu’il a dû souffrir, pendant douze ans, lui qui ne pouvait empêcher le mal, et qui était le représentant des Cent-Associés et consorts !




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