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À « Pierre Le Gardeur, écuier, sieur de Repentigny… l’expérience et connaissance qu’il s’est acquises au dit pays de la Nouvelle-France depuis qu’il y est établi… l’étendue et consistance des terres situées sur le fleuve Saint-Laurent, du côté du sud, vis-à-vis les Trois-Rivières, à prendre entre la Petite-Rivière d’un côté et la rivière Puante, à présent dite la rivière Saint-Michel ; d’autre côté voisinant du côté de la dite Petite-Rivière, les terres ci-devant concédées[1] au sieur Godefroy ; et du côté de la rivière Saint-Michel celles concédées au sieur Le Neuf[2]  ; la dite largeur sur le fleuve, sur pareille profondeur dans les terres, et compris en la dite profondeur le lac qui se rencontre en icelles appelé le lac Saint-Paul… et les îles et îlets qui sont dans la Petite-Rivière et dans le fleuve Saint-Laurent, vis-à-vis ces terres[3]. » Ce fief, appelé plus tard Cournoyer, du nom du sieur Hertel de Cournoyer, s’étend de Gentilly à Dutort.

Au même Pierre Le Gardeur, sieur de Repentigny, quatre lieues de terre le long du fleuve, côté du nord, sur six de profondeur, à compter depuis la seigneurie (Saint-Sulpice) des sieurs Chevrier et Le Royer[4]. C’est la seigneurie de Lachenaye, divisée plus tard en deux paroisses : L’Assomption ou Repentigny, et Lachesnaie.

Voici la liste des colons qui figurent cette année 1647 pour la première fois au Canada :

Étienne Seigneuret, sieur de Lisle, épousa (1647) Madeleine Bénassis. Il fut seigneur de la Pointe-du-Lac et exerça des fonctions publiques dans la ville des Trois-Rivières.

Mathurin Meunier ou le Mounier, de l’Anjou, épousa à Montréal (1647) Françoise Fafard, de la Normandie. C’est le premier mariage célébré en cette ville. Leur fille, Barbe, fut la première enfant de race blanche baptisée (1648) au même endroit. En 1651, Meunier était aux Trois-Rivières ; en 1653, à Québec ; vers 1660, sa famille était à la côte de Beaupré, d’où elle se répandit à l’île d’Orléans ; il a laissé une nombreuse descendance.

Michel Chauvin, du Maine, se maria (1647), à Québec, avec Anne Archambault, de l’Aunis. Trois ans plus tard, il était à Montréal, et sa maison y fut brûlée (1651) par les Iroquois.

Jean Aymard, du Poitou, était venu avec sa femme, Marie Bureau, et ses trois filles, qui se marièrent bientôt à Québec.

Charles Guilbaut, du Perche, épousa, à Québec (1647), Françoise Bigot, aussi du Perche. Il a laissé des filles.

Emery Cailletau, de la Saintonge, épousa, à Québec (1647), Marie Couteau, aussi de la Saintonge. Il fut tué (1653) au Cap-de-la-Madeleine, par les Iroquois.

Pierre Lemieux, de la Normandie, épousa, à Québec (1649), Marie Benard, de la Beauce. Il avait un frère, Gabriel, qui se maria (1658) avec Marguerite Lebeuf, de la Champagne. De ces deux ménages sont descendues les nombreuses familles Lemieux du district de Québec.

  1. Cette concession, entre Gentilly et Cournoyer, n’est pas autrement connue.
  2. Le fief Dutort, qui avoisine Bécancour, a donc été concédé à Michel Le Neuf avant 1646.
  3. Titres seigneuriaux, 361-3.
  4. Idem, 353.