Ils braveront tous vos traits ; — Vous sentirez, cannibales, — Si la mort a des attraits. » La pièce se termine par ces deux vers prophétiques :
Oui, fiers Anglais, n’en doutez pas :
Pour vaincre vous aurez nos bras ! »
C’était prédire Châteauguay à six ans de distance. Pas mal pour un poète qui fait ses dents !
Vers 1815, M. le commandeur Viger avait fait dessiner un castor dans un écusson de fantaisie. Vers 1830, il le fit mettre dans les armes de la ville de Montréal. J’ignore, ajoute M. Verreau (de qui ceci est encore emprunté), si Québec eut jamais sous le gouvernement français des armes particulières. En tous cas, le castor que Frontenac voulait lui donner est aujourd’hui à Montréal.
Dans le Canadien du 26 novembre 1806, on trouve un indice du choix que les Canadiens auraient déjà fait de l’érable comme arbre national. C’est à propos des attaques francophobes du Mercury :
L’érable dit un jour à la ronce rampante :
Aux passants pourquoi t’accrocher ?
Quel profit, pauvre sotte, en comptes-tu tirer ?
Aucun, lui répartit la plante :
Je ne veux que les déchirer !
Rare partout ailleurs, l’érable a dû frapper agréablement les découvreurs du Canada. On peut supposer que les colons français lui prêtèrent une attention particulière et s’accoutumèrent à le regarder comme l’arbre canadien par excellence.
Le chêne des Gaulois a été remplacé par l’érable dans l’affection des Canadiens. Cela se comprend à la moindre réflexion. Habitant un pays couvert d’immenses forêts, les Gaulois se nourrirent longtemps des fruits sauvages de leurs arbres, et surtout du fruit de différentes espèces de chêne qui s’étaient fort multipliés chez eux. Le respect particulier qu’ils portaient à ce dernier arbre, le cérémonial pompeux avec lequel le grand-prêtre venait, tous les ans, couper le gui parasite qui s’y attache, le nom même de ces druides, dérivé du celtique deru (chêne), tout semble indiquer ce qui servit de première nourriture à nos aïeux. Ce fut celle de la plupart des peuples originairement barbares. Les Canadiens virent dans l’érable un arbre majestueux, l’égal du chêne pour le port, plus beau que lui en certaines saisons — le printemps où il revêt sa parure vert tendre, et l’automne quand il s’empourpre aux morsures du froid. Bientôt ils s’aperçurent que son bois admirable était d’un secours précieux pour divers usages, et que la sève de ce roi des montagnes et des plaines donnait un sucre abondant, supérieur à tous les autres ; ils s’y attachèrent, comme les Gaulois avaient fait à l’égard du chêne.
Au premier banquet de la société Saint-Jean-Baptiste, qui eut lieu à Montréal, le 24 juin 1834, on remarquait, dans les décorations de la salle, un faisceau de branches d’érable chargées de feuilles. Lorsqu’on proposa officiellement à la même société d’adopter la feuille