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un petit bûcher de bois sec. Le missionnaire s’y rendait et bénissait le feu qu’il mettait au bûcher. Bientôt les flammes s’élevaient le long de l’arbre ; pendant ce temps, les jeunes gens, rangés en demi-cercle à vingt ou vingt-cinq pas du feu, tiraient à balle vers le sommet de l’arbre, et celui qui abattait le bouquet de branches recevait une récompense. On accordait trois ou quatre récompenses, qui étaient distribuées à ceux qui faisaient ensuite tomber, chacun, un bout de l’arbre. Il n’y a environ que quinze ans (c’est-à-dire vers 1850) que cette coutume a été abandonnée à Saint-François. »

Le docteur Hubert LaRue a raconté comment cette fête était célébrée dans l’île d’Orléans vers le commencement de notre siècle.

Les paroisses situées au-dessus de Québec n’étaient pas en arrière des autres. À Saint-Jean d’Échaillons et aux Trois-Rivières, ces coutumes subsistaient dans toute leur beauté il y a vingt ans ; elles sont encore suivies, mais la fête a lieu le jour du 24 même et non la veille au soir. Les feux allumés sur les hauteurs donnaient de côte en côte le signal des réjouissances publiques. Le premier bain dans le fleuve se prenait le soir du 23, aux éclats des chansons et de la gaîté générale. Au collége de Nicolet, depuis au moins soixante ans, grand congé, grand pique-nique, promenades sur l’eau,

Telle qu’elle est depuis 1834, l’association Saint-Jean-Baptiste a pour emblèmes un castor entouré d’une guirlande de feuilles d’érable. Sa devise est : « Nos institutions, notre langue et nos lois. » Voyons jusqu’où remontent ces trois choses. Le castor rappelle 1o le commerce de fourrures des premiers temps de la colonie ; 2o le travail persévérant des colons qui, malgré tant d’obstacles et n’ayant que des moyens restreints, se sont créé une patrie nouvelle dans ce pays sauvage. M. l’abbé H.-A. Verreau signale dès 1673 la mention du castor comme symbole du Canada ou de l’élément canadien — lequel, on le sait, fut toujours bien distinct de l’élément « français ». À la date en question, le gouverneur Frontenac conseillait au ministre du roi de placer un castor dans les armes de la ville de Québec. Un castor figure sur la médaille frappée en 1690 pour commémorer la défense de Québec. En 1736, dit encore M. Verreau, la Nouvelle-France et les autres colonies françaises de l’Amérique portaient sur leurs armes trois fleurs de lys d’or. Pas de castor. L’Histoire de la Nouvelle-France, du père de Charlevoix, imprimée en 1744, porte une vignette sur sa page de titre qui représente une ruche d’abeilles et deux castors placés sous des branches d’arbres.

Selon l’Antiquarian publié à Montréal (t. III, 190), une institution financière appelée Canada Bank existait en 1792, et sur l’un de ses billets, qui nous a été conservé, on voit un castor rongeant le pied d’un arbre. Décidément, le castor paraît avoir orné notre écusson depuis très longtemps.

La « question du drapeau » occupait nos pères en 1807. On exprimait, d’un côté, le vœu d’avoir un drapeau canadien, et, d’autre part, on prétendait que celui de l’Angleterre nous devait suffire, de même que celui de la mère-patrie nous avait suffi sous le gouvernement français. Un poète milicien s’écrie ; « À notre brave milice — Quoiqu’il manque des drapeaux — On rendra bonne justice — En admirant ses travaux… — Yankés, Autrogoths, Vandalles —