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ou quatre avec quelques salues de mousquets. » Après la messe et les vêpres, on alla au monastère des dames ursulines faire le salut de Saint-Joseph. (Journal des Jésuites.) Même année : « Le 23 juin se fît le feu de la Saint-Jean, sur les huit heures et demie du soir. M. le gouverneur envoya M. Tronquet (Guillaume Tronquet, son secrétaire) pour savoir si nous irions. Nous allâmes le trouver le père Vimont et moi (le père Jérôme Lalemant) dans le fort. Nous allâmes ensemble au feu ; M. le gouverneur l’y mit, et lorsqu’il le mettait je chantai l’Ut queant laxis et puis l’oraison. M. (Le Sueur) de Saint-Sauveur n’y était point ; il l’y faut inviter une autre fois. On tira cinq coups de canon et on fît deux ou trois fois la décharge de mousquets. Nous en retournâmes entre neuf et dix heures. » — (Journal des Jésuites.)

1647. « À la Saint-Joseph, on ne fît point de feu de joie la veille comme de coutume ; j’en fus (le père Jérôme Lalemant) une partie cause, comme ne goûtant guère cette cérémonie qui n’avait aucune dévotion qui l’accompagnât, et me semblait qu’un salut en l’honneur du saint était meilleur, comme en effet il fut fait la veille, à la paroisse, et le jour aux ursulines, où le Hic vir despiciens fut chanté en musique. On tira, cette même veille, un coup de canon à une heure, et le jour, à l’angelus du matin, quatre ou cinq coups de canons. » (Idem.) Même année : « On fit le feu de la Saint-Jean comme l’an passé. Je n’y assistai pas. M. de Saint-Sauveur fit l’office. » (Idem)

Ces deux textes montrent assez que le père Jérôme Lalemant ne goûtait pas le côté populaire des fêtes qui nous occupent. Pourquoi ? parce qu’il ne croyait pas devoir encourager ces pratiques ; il le dit clairement cette année, et en 1649 il réussit à « séparer le matériel d’avec le spirituel, » comme nous le verrons.

1648. « Le 23 juin, le feu se fit à l’ordinaire. J’y assistai, ainsi que le P. Le Jeune et le P. Greslon. M. le gouverneur me vint (le père Jérôme Lalemant) quérir sur les huit heures et demie. Nous allâmes promener en son jardin, et sur les neuf heures un quart nous allâmes au feu. M. le gouverneur (M. de Montmagny) le mit à son ordinaire. J’y chantai l’Ut queant laxis après le feu mis, le Benedictus et l’oraison de saint Jean, le Dominus salvum fac regem et l’oraison du roi, le tout sans surplis. Nous en retournâmes à dix heures. (Idem.)

1649. « On refit cette année le feu, la veille de saint Joseph, mais on sépara le matériel d’avec le spirituel. On fit le salut sur les six heures, et sur les sept M. le gouverneur (M. d’Ailleboust) me vint prier de m’y trouver et voulut que j’y misse le feu ; je l’y mis. Aux ursulines comme l’an passé, mais l’on oublia l’oraison pour la fondatrice, Pro devotis amicis. Le jour, le tout alla comme l’an passé et alla bien. » Le père Lalemant « mit le feu » sur les instances du gouverneur, mais « sans surplis » évidemment — comme l’année précédente.

1649. « On ne fit point de feu à la Saint-Jean aux Trois-Rivières, le gouverneur prétendant que le magasin le devait faire, et le magasin s’en remettant au gouverneur. On en fit à Québec ; ce fut le père Vimont au défaut d’autre. » Nouveau gouverneur-général ; nouveau gouverneur particulier aux Trois-Rivières ; grand nombre de nouveaux colons dans ce dernier lieu ; questions agraires ; diminution de la traite ; embarras du magasin des Habitants