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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

six de 1626 à 1635, donne un total de dix-sept ou dix-huit grandes concessions avant 1640, sans compter dix ou douze « terres d’habitant » aux Trois-Rivières et aux environs de Québec, et quelques « lots de ville » dans ce dernier endroit.

Le 15 janvier 1636, la compagnie de la Nouvelle-France accorde au sieur Jacques Le Neuf de la Poterie une lieue et demie le long du fleuve, depuis le ruisseau de la Roche jusqu’au cap du Sault, sur trois lieues de profondeur dans les terres[1]. C’est la seigneurie, plus tard baronnie de Portneuf. M. de la Poterie était un concessionnaire sérieux et qui s’employa immédiatement, comme M. Giffard, à coloniser le pays.

Même jour, la compagnie, siégeant à Paris, en l’hôtel de M. de Lauson, accorde à noble homme Simon Le Maître, conseiller du roi, receveur-général des décimes en Normandie, l’un des Cent-Associés, la rivière Bruyante (la Chaudière), avec six lieues de profondeur dans les terres et trois lieues de chaque côté de la même rivière, aux conditions inscrites dans l’acte de la seigneurie de Beauport[2]. Le 30 janvier, par devant Huguenier et Huart, notaires, à Paris, Le Maître, qui n’était qu’un prête-nom, passa ses droits à messire Jean de Lauson[3], La côte de Lauson, comme on appela cette seigneurie, comprend Saint-Henri, Saint-Joseph, Saint-Anselme, Saint-Nicolas et Aubigny, tous de fondation antérieure à notre siècle.

Même jour, la compagnie accorde à noble homme Antoine Cheffault, sieur de la Regnardière, l’un des Cent-Associés, « l’étendue de terre contenue depuis les bornes du sieur Giffart en descendant jusqu’à la rivière du Gouffre, sur six lieues de profondeur. » L’acte est signé : De Lauzon, De la Ferté abbé de Sainte-Madeleine, Margonne, Berruyer, J. Bourguet[4]. Cette seigneurie, dite de la côte de Beaupré, mesure seize lieues au fleuve et embrasse tout le comté de Montmorency, plus quelque espace au delà, puisqu’elle s’étend de l’Ange-Gardien à Saint-Urbain, inclusivement. Le cap Tourmente, situé vers le milieu, s’élève à mille neuf cents pieds ; la montagne Sainte-Anne, même hauteur, et le cap Maillard, deux mille deux cents pieds. Plusieurs familles s’établirent bientôt à Sainte-Anne, au Château-Richer et à l’Ange-Gardien, paroisses qui regardent l’île d’Orléans ; mais les plus anciens actes de concessions conservés jusqu’à ce jour ne remontent pas plus loin que 1640[5].

Même jour, la compagnie accorde à Jacques Castillon, bourgeois de la ville de Paris, l’un des Cent-Associés, l’île[6] d’Orléans[7]. « Un acte du dernier février 1636 portait que la concession avait été faite tant pour le dit sieur Castillon que pour messieurs de Lauson et Fouquet, conseillers d’État, et six autres, chacun pour un huitième, du nombre desquels était le sieur Cheffault ; et l’on ajoute : « au moyen de ce que le dit Cheffault avait reconnu, par le dit acte sus-daté, que les terres mentionnées par autre concession à lui faite (celle de la côte de Beaupré) étaient tant pour lui que pour les dits sieurs Fouquet, de Lauson, etc.,

  1. Titres seigneuriaux, p. 104.
  2. Titres seigneuriaux, p. 24.
  3. Société historique de Montréal, 1859, p. 94.
  4. Titres seigneuriaux, p. 342.
  5. Ferland : Cours d’histoire du Canada, ii, 8.
  6. Il y avait juste cent ans que ce nom avait été imposé par Cartier.
  7. Titres seigneuriaux, p. 350.