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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Il y avait, heureusement, un seigneur qui comprenait son devoir mieux que M. de Lauson. Dans l’été de 1635, plusieurs familles de celles qui s’étaient engagées à suivre M. Giffard, débarquèrent à Québec pour se rendre à Beauport. Nous en connaissons au moins trois dont la date d’arrivée est certainement de cette année :

François Auber ; sa femme, Anne Fauconnier. Mariés en 1620. Ils s’établirent à l’Ange-Gardien.

Philippe Amyot, natif de Chartres, dans la Beauce, avait épousé Anne Convent, née 1601, à Estrée, près de Dreux, Normandie, fille de Guillaume Convent et d’Antoinette de Longval, de l’évêché de Soissons, Picardie. Leurs enfants étaient : Mathieu, né à Chartres, 1628 ; Jean-Gencien, né à Chartres, 1634. À Québec, le 26 août 1636, fut baptisé leur fils Charles. Mathieu Amyot dit Villeneuve obtint un fief voisin de la seigneurie de Sainte-Croix. Jean-Gencien se fit serrurier. Charles fut marchand et concessionnaire du fief Vincelette, près le cap Saint-Ignace.

Robert Drouin, né 1606, fils de Robert Drouin et de Marie Dubois, du Pin, châtellenie de Mortagne, Perche. Le 16 juillet 1636, Jean Guyon, maître-maçon, de Beauport, passa le premier contrat de mariage connu pour avoir été dressé dans la Nouvelle-France[1] : c’est celui de Robert Drouin, ci-dessus, avec Anne, fille de Zacharie Cloutier et de Xainte Dupont. Le mariage fut célébré à l’église l’année suivante, 12 juillet. Anne Cloutier mourut (1649), et Drouin épousa à Québec (1649), Marie Chapelier, veuve de Pierre Petit, née 1621, fille de Jean Chapelier et de Marguerite Dodier, de Saint-Étienne, comte-Robert, en Brie. Ils allèrent demeurer aux Trois-Rivières, 1650-5, mais ensuite on les retrouve à l’île d’Orléans, 1652-1660, puis au Château-Richer, où Drouin mourut en 1685.

Jean Côté se maria, le 17 novembre 1635, à Québec, avec Anne, fille d’Abraham Martin, et s’établit à l’île d’Orléans, d’où sa postérité s’est répandue dans tous les lieux où les Canadiens ont pénétré, ce qui veut dire par toute l’Amérique du Nord.

Martin Grouvel épousa à Québec, 20 novembre 1635, Marguerite, fille de Claude Aubert. Il est souvent mentionné dans les vingt années suivantes. En 1650-57, il était conducteur d’une barque à la traite de Tadoussac. Le 24 décembre 1650, le père Garreau célébra la messe dans sa maison, à Québec.

De toutes les épreuves que la Providence avait réservées aux premiers habitants du Canada, la plus sensible survint l’automne de 1635. M. de Champlain tomba malade au commencement d’octobre, et son état ne fit qu’empirer. Il comprit que Dieu l’appelait à lui, et il se prépara en conséquence à rendre ses comptes. Le père Lalemant, qui reçut sa confession générale, donne les plus grands éloges à sa piété et à la droiture de son caractère. « Il a vécu dans une grande justice et équité, ajoute le père Le Jeune, et le vingt-cinq décembre, jour de la naissance de notre Sauveur, M. de Champlain prit une nouvelle naissance au ciel. » Le père Le Jeune était alors aux Trois-Rivières ; on l’appela à Québec pour prononcer l’oraison funèbre. À son arrivée, qui dut avoir lieu le 29 ou le 30, il eut sous les yeux le spectacle de

  1. Voir Ferland : Notes, p. 65.