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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

« À peine la traite finie (1634), Champlain voulut accomplir un vœu qu’il avait fait depuis la prise de Québec par les Anglais. Il érigea, tout près de l’esplanade du fort, à l’endroit où est aujourd’hui le maître-autel de Notre-Dame de Québec, une nouvelle chapelle qui fut appelée Notre-Dame de Recouvrance, tant en mémoire du recouvrement du pays que parce qu’on y plaça un tableau recouvré d’un naufrage. » (M. l’abbé Laverdière.)

Avant de terminer l’année 1634, disons quelques mots d’un nouvel habitant qui figure avec honneur dans nos annales. Jean Bourdon, sieur de Saint-François, né à Rouen, arriva à Québec le 4 août 1634. L’année suivante, il épousa Jacqueline Potel. En 1637, on le voit faire l’arpentage de certaines terres aux Trois-Rivières. Bientôt après, il concède la seigneurie de D’Autray, au cap de l’Assomption ; et plus tard, Sainte-Jeanne de Neuville ou Pointe-aux-Trembles de Québec. En 1641, il fit une carte du bas Saint-Laurent. L’automne de 1645, on le nomma gouverneur des Trois-Rivières par intérim. En 1646, il alla en ambassade chez les Iroquois et commanda une patrouille sur le fleuve, ainsi qu’en 1647. Il fit un voyage en France en 1650. En 1657, il épousa, en secondes noces, Anne Gagnier, née 1614, veuve de Jean Clément Du Vault, seigneur de Monceaux, chevalier de Saint-Louis. Il a été tour à tour peintre, menuisier, boulanger, canonnier, procureur-général et ingénieur-en-chef de la Nouvelle-France. Ses voyages au pays des Esquimaux et à la baie d’Hudson le classent parmi les découvreurs. En 1664, durant la lutte entre monseigneur de Laval et le gouverneur, il alla en France solliciter de l’appui pour la cause qu’il soutenait. Nous lui devons un beau plan de Québec sous la date de 1660. Jusqu’à sa mort, en 1668, il fut l’un des plus utiles habitants de la colonie. Sa descendance a également rendu de grands services. Ses fils, les sieurs de Dambourg et d’Autrai, appartiennent à notre histoire. Sa nièce, Marie Bourdon, née 1636, fille de Louis Bourdon et de Marguerite Prunier, de Saint-André-le-Verd de Rouen, épousa, 1652, à Québec, Jean Gloria, et, devenue veuve, se remaria, 1669, au même lieu, avec Toussaint Toupin. En troisièmes noces, 1680, elle épousa Jean Charet, au Château-Richer.

M. Jean de Lauson avait toujours eu plus de part que personne aux affaires de la Compagnie ; c’est lui principalement qui ménagea en Angleterre la restitution de Québec. Vers 1633, il épousa Marie Gaudart. Leur fils aîné, Jean, naquit en 1634 ; nous le retrouverons au Canada. Le second enfant, nommé François, dut naître au commencement de l’année 1635 ; et, dès le 15 janvier de cette dernière année, son père lui faisait accorder une seigneurie, dont le titre ne nous est point parvenu, mais qu’un acte de mise en possession fait quelque peu connaître ; le voici :

« Nous, Charles Huault de Montmagny, chevalier de l’ordre Saint-Jean de Jérusalem, lieutenant de Sa Majesté en toute l’étendue du fleuve Saint-Laurent de la Nouvelle-France, suivant un mandement ensuite d’une concession faite par messieurs de la compagnie de la Nouvelle-France, en date du 15 janvier 1635, au profit de François de Lauson, écuyer, fils de messire Jean de Lauson, chevalier conseiller du roi en son conseil d’État, de la consistance des terres ci-après déclarées, nous sommes transporté aux lieux mentionnés par la dite