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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

font connaître les détails horribles et repoussants ? C’était donc un prestige qu’exerçait ou le missionnaire, ou l’interprète, ou l’explorateur, comme Nicolas Perrot et plusieurs autres ? Ces races barbares n’étaient point destinées à entrer dans la civilisation ; car autrement, sous l’influence de nos compatriotes, elles eussent abandonné leurs abominables coutumes. Ce qui frappe davantage, c’est la facilité avec laquelle elles penchèrent vers la France et lui restèrent fidèles, tout en continuant de se déchirer les unes les autres. Ce n’est pas à dire que le succès couronnait toujours les efforts de nos gens ; en plus d’une rencontre, ils ont, au contraire, subi des échecs redoutables ; mais ils finissaient par vaincre ou les résistances à main armée ou les oppositions morales, et le prestige qu’ils exerçaient n’en devenait que plus grand. La pratique de brûler les prisonniers ne fut jamais abolie tout-à-fait ; néanmoins, elle alla en diminuant et se poursuivit à l’insu des Français, qui témoignaient hautement de leur réprobation à l’égard de ces supplices. Jusque vers 1670, les sauvages ne voulurent rien entendre ; mais, après cette date, la volonté des blancs eut plus d’empire sur eux. Dans la vallée du Saint-Laurent comme autour des lacs et le long du Mississipi, il fut presque constamment impossible de les empêcher de rompre la paix lorsque la fantaisie leur dictait l’ordre de combattre. Ce qui s’était vu du temps de Champlain ne cessa de se répéter, et c’est au milieu de ces péripéties et de ces embûches incessantes que nous nous sommes avancés graduellement de Québec aux sources de l’Ohio, aux bouches du Mississipi, aux sources de la Saskatchewan et à la baie d’Hudson.