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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

Deux ans plus tard, il était à Tadoussac. En 1621, il aide son beau-frère à construire le fort Saint-Louis de Québec. De 1620 à 1624, on le voit souvent voyager avec Champlain, dont il fut nommé le lieutenant en 1625. En 1626, lui et Champlain reviennent de France ensemble. En 1627, on l’emploie aux Trois-Rivières à des négociations fort difficiles avec les Sauvages. Au mois de juin 1629, retournant de Gaspé, il est pris par les Anglais. Il passe ensuite en Italie et se fait religieux de l’ordre des Minimes. Madame de Champlain, qui l’avait converti au catholicisme et qui l’aimait beaucoup, lui fit, durant dix ans, une pension de mille livres.

Noble homme Jean Nicolet[1], sieur de Belleborne[2], fils de Thomas Nicolet, messager ordinaire de Cherbourg (Normandie), à Paris, et de Marguerite De Lamer, n’avait guère alors qu’une vingtaine d’années et se destinait, selon les vues de Champlain, à devenir interprète. En 1620, on l’envoya chez les Algonquins de l’île des Allumettes ; il y resta deux ans, puis alla passer huit ou neuf années chez les peuples du lac Nipissing. Nous le retrouverons parmi les découvreurs qui ont glorifié le nom français, comme s’exprime M. Gabriel Gravier.

Adrien Duchesne[3], chirurgien, de Dieppe, Normandie, paraît être venu avant 1620. En 1629, après le départ de Champlain, Duchesne et sa femme (nom inconnu) restèrent à Québec où on le retrouve le 9 février 1631, parrain d’Élizabeth[4], fille de Guillaume Couillard. Au commencement de juillet 1634, il était à Québec, « chirurgien de l’habitation[5]. » En 1635-6, il remplissait les mêmes fonctions aux Trois-Rivières. En 1645-6, on le voit[6] s’intéresser au sort de son neveu, le jeune Charles Lemoine, qui fut le seigneur de Longueuil et père du fameux d’Iberville. C’est à cette époque qu’il donna à Abraham Martin un morceau de terre qui forme partie des plaines dites d’Abraham.

À la réception de la lettre du roi, datée du 7 mai 1620, Champlain partit du Havre avec sa femme (celle-ci était accompagnée de deux ou trois autres femmes) et arriva à Tadoussac (7 juillet), où Eustache Boulé les rencontra, très étonné de voir sa sœur en ces lieux. L’un des premiers soins, en débarquant à Québec, après avoir été à la chapelle rendre grâce à Dieu, fut de donner publication des pièces et documents qui concernaient la gestion de la colonie, « lesquels furent lus publiquement en présence de tous, à ce qu’ils n’en prétendissent cause d’ignorance… Chacun crie vive le roi, et ainsi je pris possession de l’habitation et du pays au nom de mon dit seigneur le vice-roi. »

Le Père d’Olbeau avait hiverné à Québec. Au printemps, Pontgravé lui procura l’aide nécessaire pour construire une maison dont la première pierre fut posée le 3 juin. Après l’arrivée des Pères Denis Jamay, Georges le Baillif et du Frère Bonaventure, au milieu de

  1. Il signait Nicollet.
  2. Ruisseau qui traverse la terre des plaines d’Abraham (Spencer Grange aujourd’hui), qui lui appartenait
  3. Vers 1627, un nommé Duchesne, échevin de la ville du Havre-de-Grâce, agissait dans les intérêts de Champlain.
  4. Voir Tanguay :Dictionnaire I, pp. 142, 207
  5. Relation, 1634, pp. 7, 8.
  6. Journal des Jésuites, p. 9.