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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

il reçut d’autres concessions, comme le montre l’acte qui suit : « La rivière appelée du Sud, à l’endroit où elle se décharge dans le fleuve Saint-Laurent, avec une lieue de terre le long du dit fleuve Saint-Laurent, en montant de la dite rivière vers Québec, et demie lieue le long du dit fleuve en descendant, le tout sur la profondeur de quatre lieues en avant dans les terres en cotoyant la dite rivière de part et d’autre et icelle comprise dans la dite étendue[1]… de plus, les deux îles situées dans le dit fleuve Saint-Laurent, proche du dit lieu, en descendant sur le dit fleuve, l’une appelée l’île aux Oies et l’autre appelée l’île aux Grues, avec les battures qui sont entre deux, le tout contenant quatre lieues ou environ de longueur sur le dit fleuve… Ne pourra le dit sieur de Montmagny, ni ses successeurs ou ayans cause, ni autres qui passeront au dit pays pour habituer et cultiver les terres ci-dessus concédées, traiter des peaux et pelleteries avec les sauvages, si ce n’est qu’ils soient reconnus pour habitants du pays et qu’ils aient part en cette qualité à la communauté des Habitants… Fait… en l’assemblée générale… en l’hôtel de M. Bordier, conseiller et secrétaire des conseils de Sa Majesté, ancien directeur de la dite compagnie… à Paris, le cinquième may mil six cent quarante-six. Signé : Lamy[2]. » On voit quelles précautions étaient prises pour que le droit de traite accordé aux seuls Habitants ne passât point aux mains de quelques compagnies rivales ; cette stipulation est répétée, dans les mêmes termes, dans d’autres titres de seigneuries. Le 2 mai 1651, à Paris, en présence de A. Cheffault, secrétaire des Cent-Associés, M. de Montmagny prêta le serment de fidélité requis pour les concessions ci-dessus. Plus tard (1654), l’île aux Oies passa aux sieurs Louis Théandre Chartier de Lotbinière et J.-Baptiste Moyen, lequel y fut tué (1655), avec plusieurs membres de sa famille, par les Iroquois.

Le même jour (5 mai 1646), la compagnie accorde à François de Champflour, « commandant des Trois-Rivières en la Nouvelle-France, » quarante arpents de terre en superficie dans le voisinage des Trois-Rivières — mais pas assez proche du fort pour en gêner les fortifications — à prendre sur les terres de la compagnie qui sont encore non-défrichées. On se conformera pour les fins de la justice à la coutume de Paris. Le concessionnaire devra y installer des colons sans retard. S’il se décidait par la suite à vendre ou à se désaisir de cette propriété, il ne pourrait le faire qu’en faveur d’une personne résidant en Canada. La compagnie donne aussi à M. de Champflour, « pour lui fournir plus de moyen de faire valoir les dites terres, » la charpente d’une maison de cent pieds de long sur seize de large qui a été taillée proche du fort. M. de Montmagny devra préciser la location de cette terre. C’est le fief Champflour ou Niverville, situé entre les rues Bonaventure, des Champs, Saint-Pierre et Saint-Joseph. Au printemps de 1649, Jacques Leneuf de la Poterie en devint acquéreur, et il le vendit à son tour, le 7 avril 1660, à Pierre Boucher, lequel le passa à son fils Niverville.

René Mézeray dit Nopce, ou plutôt Noce, avait épousé à Québec, en 1641, Hélène

  1. C’est la seigneurie de Montmagny ou Rivière du Sud.
  2. Titres seigneuriaux, 370. Bouchette : Dictionnaire, article « Rivière-du-Sud ».