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HISTOIRE DES CANADIENS-FRANÇAIS

dans la banlieue de Québec, au coteau de Sainte-Geneviève[1]… borné d’un côté, au sud-est, par une route qui court sud-est et nord-ouest ou environ, d’autre côté, au nord-est, aussi par une route qui court sud-est et nord-ouest, d’un bout, au sud-est, par une route éloignée de douze toises du grand chemin qui va de Québec au cap Rouge, d’autre bout, au nord-ouest, le coteau Sainte-Geneviève, » aux mêmes conditions que l’octroi précédent. Ces deux concessions, qui forment le fief Saint-François, furent confirmées le 29 mars 1649, Puis augmentées, le 30 décembre 1653, par un acte de M. de Lauzon, gouverneur général : « La commune ci-devant accordée aux habitants de Québec étant d’une étendue trop vaste, en laquelle les habitants ne font aucun travail ni défrichement… accordons au sieur Bourdon et au sieur de Saint-Sauveur la prolongation des concessions qu’ils ont au lieu de Saint-François, en la côte Sainte-Geneviève, jusqu’à la rivière Saint-Charles… eu égard à la dépense que les sieurs Bourdon et Saint-Sauveur font sur les dits lieux pour couvrir Québec de l’irruption des Iroquois[2]. »

D’après un passage du Journal des Jésuites, il paraîtrait que M. de la Ferté, abbé de la Madeleine, aurait donné aux jésuites la seigneurie du cap dit de la Madeleine dès l’année 1646, et que Jacques Leneuf de la Poterie, alors gouverneur des Trois-Rivières, « disputa puissamment » cette concession, « affectée aux sauvages… L’affaire fut indécise. » Les jésuites avaient demandé ces terrains en 1645 ; nous voyons que, le 1er juin 1649, le père Buteux en distribua quatorze lopins à des Français qui y devinrent immédiatement des colons stables ; c’étaient Jean Houdan dit Gaillarbois, François Boivin, Claude Houssard, Jean Véron, Pierre Guillet, Mathurin Guillet, Étienne de Lafond, Mathurin Baillargeon, Pierre Boursier, Émery Cailleteau, Urbain Baudry, Jacques Aubuchon, Bertrand Fafart et Jean Aubuchon. Le 20 mars 1651, M. de la Ferté donna aux pères la seigneurie en question, par un contrat qui en affecte le revenu à leur collège, pour en jouir au profit des sauvages convertis à la foi, le tout conformément aux coutumes et aux institutions de la compagnie des jésuites, et sans obligation ni redevance aucune. La délimitation de la seigneurie est précisée comme suit : « deux lieues le long du fleuve, depuis le cap nommé des Trois-Rivières, en descendant sur le grand fleuve jusqu’aux endroits où les dites deux lieues se pourront étendre, sur vingt lieues de profondeur du côté du nord, y compris les bois, rivières et prairies qui sont sur le dit grand fleuve et sur les dites Trois-Rivières. » Par un diplôme du 12 mars 1678, le roi confirma cette donation.

La commission de M. de Montmagny avait été renouvelée le 6 juin 1645, et ce gouverneur commença des défrichements sur l’île aux Oies, où l’attirait son penchant pour la chasse. On voit que, le 25 octobre (1645), il[3] se fit accompagner à l’île par M. Gilles Nicolet[4], prêtre séculier, qui célébra la messe en présence des hommes travaillant à la terre[5]. Bientôt

  1. M. Le Sueur desservit la chapelle Saint-Jean, sur le coteau Sainte-Geneviève.
  2. Titres seigneuriaux, 114-16.
  3. M. de Chavigny tenait sa place à Québec.
  4. Il y retourna au mois de novembre suivant. En 1648, on y rencontre le père Bailloquet, et en 1651, le père Ragueneau.
  5. Ferland : Notes, 43 ; Cours, I, 412-2 ; Journal des Jésuites, 8 ; Doutre et Lareau ; Droit civil, 35.