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PRÉFACE

intellectuelle dérange les combinaisons de l’Angleterre ; puis décrire la présente époque avec son mouvement industriel, littéraire, commercial, l’émigration aux États-Unis, etc., — ses quinze cent mille âmes représentant la descendance de cinq mille hommes et quatre mille femmes, émigrés ici durant le dix-septième siècle et qui furent la souche unique de la race.

Et, comme si ce tableau n’était pas suffisant, nous suivrons d’un œil attentif les luttes des Acadiens, ces autres Français d’Amérique, célèbres par leur courage, une vitalité extraordinaire, et par des malheurs plus poignants que les nôtres.

Rendons à nos aïeux les hommages qui leur sont dûs. Inspirons à leurs fils l’amour du travail et le patriotisme qu’ils ressentaient. Nos lettres de noblesse sont déposées à l’ombre de l’autel, le lieu le plus sûr que nous puissions trouver ; car, chez nous, le clergé est patriote.

C’est à l’aide des archives restées inédites et en consultant un millier de volumes imprimés que ce livre a grossi de jour en jour depuis vingt ans. Les sources abondent, on le sait. Nous procédons souvent par citations, afin de mettre le lecteur en rapport plus intime avec les documents eux-mêmes. Il va de soi que notre guide est l’histoire du Canada ; d’époque en époque, nous en donnons un résumé substantiel. Des notes biographiques permettront de retrouver (en ouvrant l’index à la fin de l’ouvrage) la carrière des personnalités marquantes de la race, et même les humbles habitants fondateurs de celle-ci.

Nous n’érigeons pas un monument à la vanité nationale — rien non plus qui éveille, en quoi que ce soit, le déplaisir de nos voisins. Usant du droit de l’historien, nous racontons avec impartialité les travaux d’un âge fécond en grandes choses, et ensuite, nous mettons en pleine lumière les hommes et les œuvres des deux ou trois dernières générations.

BENJAMIN SULTE.

Ottawa, Août 1881.