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CHAPITRE VII

1612 — 15


Canada. — Compagnie du prince de Condé. — Malouins et Normands. — Québec en 1613. — Traite du saut Saint-Louis. — La route du Pacifique. — Découverte du pays des Algonquins. — Débats au sujet de la traite. — 1615. — Les Récollets. — Champlain visite le pays des Hurons. — Guerre des Iroquois. — Situation du Canada.



L

e 10 septembre 1611, Champlain, revenant du Canada, était arrivé à la Rochelle. Il se rendit à Pons, en Saintonge, où le sieur de Monts était toujours commandant. Ils débattirent ensemble les chances qui restaient de se protéger sur le Saint-Laurent. Elles étaient minces, vu que la concurrence commerciale les tenait en échec, et que les tribus lointaines n’avaient pas encore pris le chemin de leurs postes de traite en nombre suffisants pour ouvrir un marché profitable à tous les coureurs de fortune.

De Monts se rendit à la capitale, y vit ses associés, lesquels préférèrent lui vendre leur privilége dans l’habitation de Québec que risquer de tout perdre. Il en devint le seul propriétaire, y envoya un certain nombre d’hommes au printemps de 1612, et continua ses instances auprès de la cour dans l’espoir d’obtenir une nouvelle commission qui le favoriserait dans la traite et l’exploitation générale de la contrée. Les choses, néanmoins, traînaient en langueur ; l’été 1612 était arrivé ; des affaires importantes réclamèrent de Monts ; il laissa à Champlain le soin de se pourvoir selon les plans concertés entre eux.

Les navires arrivèrent du Canada durant l’été de 1612, annonçant que plus de deux mille Sauvages étaient descendus par la rivière des Algonquins (l’Ottawa) jusqu’au saut Saint-Louis, et s’étaient montrés mécontents de n’y point rencontrer Champlain. On leur avait promis que, l’année suivante, ils ne seraient pas désappointés. La traite des compagnies libres, au saut Saint-Louis, avait été la même qu’en 1611. Il devenait évident que les projets de colonisation resteraient sans bon résultat tant que Champlain ne pourrait compter pour les exécuter que sur les revenus du commerce.

« Ce sujet, écrit-il, me fera encore dire quelque chose pour montrer comme plusieurs tachent à détourner de louables desseins, comme ceux de Saint-Malo et d’autres, qui disent que la jouissance de ces découvertures leur appartient, parce que Jacques Cartier était de