mencement du XIe siècle, on constate que les Islandais fréquentaient les côtes du continent nouveau et y traitaient avec les naturels, depuis la rivière Potomac en remontant au nord jusqu’au Groënland, où il y avait des villes et un évêché. Les Croisades furent prêchées en Amérique ; on y perçut le denier de Saint-Pierre plus de trois siècles avant la naissance de Colomb. Les antiquaires et les savants ont retrouvé sur la rivière Norembègue (Pentagoët) des indices qu’une population de race blanche a habité ce pays vers le XIIIe siècle. À la même époque, le Nouveau-Brunswick était occupé par les commerçants du nord de l’Europe. On mentionnait aussi des hommes blancs, quelque part sur notre fleuve, dans la direction de Québec. Il y a apparence que le cataclysme ou envahissement du froid (XIVe siècle) mit un terme aux relations des Islandais avec leurs colonies. Le Groënland, de Greenland ou Terre-verte qu’il était, devint un pays de glace, inhabitable. Les banquises se mirent à flotter du Labrador à la Nouvelle-Écosse ; la route du sud, le long des côtes de l’Amérique, se trouva coupée en quelque sorte. Les établissements disséminés dans ces régions furent perdus de vue, et, comme ils n’étaient pas capables de se suffire à eux-mêmes, ils périrent sous les coups des Sauvages. On crut reconnaître, plus tard, dans certains hommes barbus de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Angleterre, les restes de ces petites populations oubliées, mais dont l’existence est incontestable, selon les archives de l’Islande et quelques documents découverts à Rome. Lorsque les Français pénétrèrent en Acadie, ils virent avec surprise que les chefs des Souriquois ou Micmacs portaient la barbe ; la vénération du signe de la croix y était répandue partout ; certains mots étrangers à la langue de ces peuples ont de la ressemblance avec le vieux langage scandinave, et des bribes de traditions, également conservées parmi eux.
Les voyages et les séjours momentanés des pêcheurs basques et bretons à l’île de Terreneuve, au cap Breton et sur les bords du golfe Saint-Laurent remontent beaucoup plus loin que la découverte officielle de l’Amérique, faite en 1492 par Christophe Colomb.
Jean Cabot, voyageant pour le compte du roi d’Angleterre, aperçut Terreneuve, en 1497, et reçut dix louis de récompense pour cette découverte. C’était mieux que Christophe Colomb, qui venait d’être emprisonné après avoir révélé le nouveau monde aux marins de la vieille Europe. En 1711, on trouva parmi les papiers de l’amiral Walker, naufragé dans le golfe Saint-Laurent, une proclamation déclarant que les Canadiens étaient sujets britanniques en vertu de la découverte de Cabot !
Gaspard Cortéréal (1500), des marchands de Bristol (1502), Jean Denys et Velasco (1506), Thomas Aubert (1508) parcoururent les abords du golfe Saint-Laurent, appelé golfe des Trois-Frères, peut-être en mémoire des trois fils de Cabot. L’Europe consommait la morue de Terreneuve et du cap Breton, mais sans trop s’enquérir du pays où elle était pêchée.
« Il paraît très-singulier que les deux premières tentatives de colonisation faites dans la partie nord du continent américain aient eu pour objectif l’île de Sable, aujourd’hui station d’alarme et de secours, où le gouvernement canadien entretient deux feux pour éclairer la