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Maintenant que la belle saison étale les splendeurs de sa robe et que l’atmosphère tiède des journées d’août nous invite à mettre habit bas, il fait bon aller s’asseoir au pied d’un pin, dans une clairière de la vieille forêt, et de se croire seul au monde, en écoutant le frémissement des cascades, les chants des oiseaux et les récits qui tombent de la bouche d’un forestier. Une douce quiétude s’empare de l’âme, un sentiment d’indépendance ignoré jusque-là se fait jour dans votre rêverie, et mêlant à toute chose l’oubli des maux passés, vous sentez renaître ce je ne sais quoi de poétique et de tendre au-delà de toute expression, qui composait la vie intérieure de nos première années.

Ce n’est pas ailleurs, c’est ici qu’il faut s’arrêter pour reprendre courage, ressaisir le calme de nos esprits et placer une barrière rustique entre la ville et nous. C’est ici que sont la retraite et la nouveauté.

Figurez-vous mon bonheur : pas de visites à faire sous l’ardeur du soleil, pas de poussière à avaler tout le long du jour.

Tel que vous ne me voyez pas, lecteurs,