Page:Sulte - Au coin du feu, histoire et fantaisie, 1881.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 46 —

Une fois là, je vous dirai ce qu’il y aura à faire ; pour le moment c’est impossible, parce que je n’ai jamais vu l’endroit. Un petit coup, avant de partir… à votre santé.

Vingt minutes après, tous les chasseurs étaient à leur poste. Tancrède et Brin-de-Fil avaient dégainé. M. Bertrand portait une hachette, n’ayant pas cru prudent à son âge de faire connaissance avec les armes à feu qu’il avait toujours redoutées. Les autres, embusqués çà et là, derrière les arbres, se tenaient prêts à tirer dès que l’ennemi se montrerait.

Tous les yeux étaient fixés sur la mince colonne de vapeur qui se dégageait d’une touffe de broussailles située à mi-côte de la colline.

On sait que les ours choisissent pour passer l’hiver le creux des gros arbres ou des enfoncements naturels dans le sol, et que rien ne trahit leur présence, si ce n’est le léger filet de fumée que la chaleur de leur corps dégage par l’ouverture de la cachette lorsqu’il fait grand froid.