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mission du lac des Deux Montagnes, conservent à peine un souvenir vague des luttes qui, autrefois, divisèrent ces races. Leur missionnaire, M. Cuoq, nous écrit qu’elles vivent depuis longtemps ensemble en parfaite intelligence et sans se reprocher leurs anciens actes de barbarie. De ressentiment, de vendetta, il n’en existe pas l’ombre parmi eux. Dans les chicanes particulières qui surgissent ça et là, ni homme ni femme ne songent à faire allusion au temps passé, même en se disant des injures, — chose que les Sauvages pratiquent aussi savamment que pas un de nous.

Ces deux belles races qui s’éteignent, survivent pourtant aux passions et à la haine engendrées entre elles il y a près de quatre cents ans. L’esprit de l’Évangile a passé sur leurs bourgades. Après avoir vécu si longtemps, en armes l’une contre l’autre, elles se préparent à mourir dans les bras l’une de l’autre.